Lorsqu’il reçoit son congé, le patient doit être mis au courant d’aspects importants qui l’aideront à suivre son état de santé chez lui. Cela comprend :
- sa situation clinique et le diagnostic (ou le diagnostic différentiel en cas d’incertitude);
- les instructions concernant les activités de la vie quotidienne pendant toute la période de rétablissement;
- les signes et symptômes qui devraient l’inciter à retourner consulter un médecin (c.-à-d. les indices que son état de santé s’aggrave ou que son diagnostic est potentiellement erroné);
- quand et avec qui communiquer, et où aller en cas de complications;
- se sentir à l’aise de revenir pour une nouvelle évaluation.
L'information doit être adaptée à la situation clinique particulière de chaque patient. Les conseils doivent notamment inclure les effets secondaires possibles et le suivi nécessaire dans le cas de tout médicament prescrit.
Tout comme pour l'obtention d’un consentement éclairé, il importe de décrire les signes et symptômes de toute complication fréquente, ainsi que des complications rares qui pourraient causer un grave préjudice. Il est bon de s’assurer que le patient comprend bien la situation et de répondre à ses questions. La discussion avec le patient devrait être consignée à son dossier.
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Les documents remis au patient appuient la discussion sur le congé éclairé, mais ne remplacent pas le dialogue.
Il peut s'avérer très utile de donner des instructions écrites au patient (ou à la personne qui l'accompagne chez lui). Ces instructions complètent l'interaction interpersonnelle, mais ne peuvent pas la remplacer. Comme ces documents peuvent être d'ordre assez général, il faut envisager d’en supprimer tout ce qui ne s’applique pas au patient ou à la situation clinique en particulier, et d’y ajouter des points qui pourraient être pertinents à la situation du patient. Le fait de verser au dossier du patient une copie des documents remis aidera d’autres personnes à comprendre les conseils qui ont été fournis et pourra servir à appuyer les soins prodigués.
Les équipes chirurgicales qui ont adopté les protocoles du programme RAAC (Récupération améliorée après la chirurgie) ont constaté que la simplification des protocoles standard de soins contribue à de meilleurs résultats. Ces protocoles comprennent des discussions préopératoires sur ce à quoi il faut s’attendre après l’opération, renforcées par des messages-clés postopératoires.
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Il faut songer à la sécurité d'un patient qui vient de subir une opération et donner des conseils pertinents à ceux qui l’accompagneront.
Il arrive parfois qu’un patient reçoive son congé de l’urgence ou d'un service de chirurgie d’un jour sans avoir recouvré entièrement toutes ses facultés, en raison de médicaments comme des anesthésiques ou des sédatifs administrés dans le cadre des soins.
Dans de telles circonstances, le patient devrait généralement être accompagné d’un parent ou d’un ami disposé à l’aider et capable de le faire, notamment en facilitant son transport au moment du congé. Avec le consentement du patient, cet individu devrait assister à la discussion préalable au congé. Les tribunaux ont confirmé que le médecin a l’obligation légale d’informer un patient dont les capacités peuvent être amoindries à cause d’une sédation (ou pour d’autres raisons) quant aux risques de quitter l’hôpital ou la clinique sans être accompagné.
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Lorsqu’il donne son congé à un patient après lui avoir prodigué des soins, le médecin doit informer le patient de tout suivi nécessaire, identifier le professionnel de la santé le plus responsable du suivi et préciser les dispositions qui entourent le suivi (rendez-vous, etc.).
- Pour faciliter la continuité des soins, le professionnel de la santé responsable du suivi du patient après son congé devrait être informé des investigations ou des soins de suivi requis.
- Il peut s’écouler beaucoup de temps entre une consultation d’un patient à l’urgence ou dans une clinique et le moment où son médecin de première ligne reçoit une lettre. Il est important pour le médecin de ne pas présupposer qu’un autre professionnel de la santé voudra ou pourra assurer le suivi des soins prodigués.
- Les tribunaux ont établi qu’il incombe au médecin qui demande une investigation d’en assurer le suivi. Cette responsabilité peut être déléguée à un autre professionnel de la santé, mais ce dernier doit en être avisé et accepter d’assumer cette responsabilité.
- Les renseignements qui accompagnent le congé devraient être suffisants pour assurer la continuité des soins. En particulier, ils devraient indiquer qui est le professionnel de la santé le plus responsable du suivi du patient et de l’organisation des investigations recommandées.
- Si c’est le patient qui doit prendre un rendez-vous de suivi avec un autre professionnel de la santé, ce dernier devrait en avoir été avisé afin qu’il puisse organiser un suivi approprié.
- Si le suivi est considéré comme urgent, il est souvent utile de communiquer avec le professionnel de la santé qui assurera le suivi, afin de lui expliquer verbalement la situation clinique. Cette communication devrait être consignée au dossier du patient.
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Un patient qui quitte l’hôpital contre l’avis du médecin s’expose à des risques pour lui-même et peut aussi représenter un risque médico-légal. Néanmoins, un patient apte est libre de faire des choix éclairés concernant les soins qu’il reçoit.
De nombreux médecins croient qu'ils sont absous de tout devoir de diligence juridique lorsqu'un patient apte part contre l'avis du médecin. Même si l’on pourrait considérer que, par négligence, un patient est à l'origine d’un résultat indésirable ou qu'il y a contribué en n’agissant pas comme on pourrait s'attendre d'un patient raisonnable, il est rare qu'un tribunal attribue l'entière responsabilité d'un résultat défavorable au patient en citant sa négligence contributive (responsabilité contributive au Québec).
Lorsqu’un patient veut quitter l’hôpital contre l’avis du médecin, ce dernier devrait faire des efforts raisonnables pour confirmer que le patient comprend les conséquences possibles du refus des investigations ou des traitements recommandés. Si le patient semble comprendre la nature de sa maladie et les conséquences de l’acceptation ou du refus du traitement, il est probablement apte à décider.
L’évaluation de l’aptitude du patient se fonde sur le tableau clinique d’ensemble. Le médecin devrait questionner le patient de manière à déterminer si celui-ci perçoit bien sa situation. Il peut être utile de chercher à savoir pourquoi le patient souhaite quitter l’hôpital (p. ex. en lui demandant s’il a d’autres préoccupations personnelles, telles que la responsabilité de s’occuper d’un conjoint à la maison ou d’un animal de compagnie laissé sans surveillance). La connaissance de telles préoccupations peut aider à trouver des solutions.
Les réponses à des questions telles que « Comprenez-vous? » peuvent être trompeuses et donner la fausse impression que le patient comprend bien la situation. Pour évaluer son degré de compréhension, il peut être plus efficace de demander au patient d’expliquer ce qui pourrait arriver s’il partait contre l’avis du médecin.
Le patient a le droit de refuser un traitement. Même s’il est important d’éviter d’exercer toute coercition, il peut être utile, selon la gravité apparente de l'état clinique du patient et les ressources disponibles, de demander à un autre médecin d’évaluer l’aptitude à décider du patient ou de confirmer la nécessité des investigations ou des traitements recommandés.
Même lorsqu’un patient apte refuse un traitement, le médecin devrait expliquer pourquoi une période d’observation, une investigation, un traitement et un suivi sont recommandés. Cette discussion peut contribuer à atténuer les préoccupations ou les craintes du patient. Lorsque possible et avec l’autorisation du patient, il est généralement utile d'inclure des membres de sa famille dans la discussion.
Tout comme dans le cas du consentement éclairé, un formulaire signé de départ contre l’avis du médecin ne constitue pas nécessairement une preuve de congé éclairé. Une note au dossier résumant les soins recommandés, l’évaluation de l’aptitude du patient, les raisons de son refus des investigations ou du traitement, ainsi que le suivi prévu et les instructions préalables au congé, constitue une meilleure preuve de congé éclairé. Tout refus du patient de participer à une discussion préalable à son congé ou de signer un formulaire de départ contre l’avis du médecin devrait aussi être consigné à son dossier.
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