■ Obligations et responsabilités :

Les attentes vis-à-vis des médecins

Comment réduire les risques de traumatisme dentaire lors d’une intervention

Une sonde endotrachéale, un laryngoscope et une seringue.

4 minutes

Publié : mai 2010 /
Révisé : janvier 2023

Les renseignements présentés dans cet article étaient exacts au moment de la publication

De nombreuses innovations et améliorations ont été apportées à l’équipement utilisé pour la gestion des voies respiratoires (p. ex. masques laryngés spécialisés et endoscopes à fibre optique). En dépit de cela, les traumatismes dentaires restent une source de préoccupation, sans doute parce que davantage d’interventions endoscopiques ou autres sont effectuées par la cavité buccale. Comme les exemples de cas suivants le démontrent, des traumatismes dentaires peuvent survenir. Il est toutefois possible pour les médecins d’en réduire les risques en prenant certaines mesures.

Exemples de cas

Couronne dentaire délogée

Dans le questionnaire préopératoire, une personne signale une couronne sur une incisive centrale supérieure. Lors d’une intervention chirurgicale sous anesthésie générale, la couronne se déloge. Une action en justice est déposée à la Cour des petites créances pour réclamer les coûts de la réparation dentaire. L’anesthésiologiste admet ne pas avoir expliqué les risques de traumatisme dentaire. L’ACPM a choisi de régler le dossier en concluant, au nom de l’anesthésiologiste, une transaction avec la personne ayant subi le préjudice.

Perte d’une incisive

Une personne ayant une mauvaise dentition subit une urétéroscopie sous anesthésie générale pour extraire des lithiases urétérales à l’aide d’un panier. Dans la salle de réveil, elle remarque l’absence d’une incisive. Elle dépose une action en justice contre l’anesthésiologiste, alléguant que la perte de sa dent était due à de la négligence (ce qui correspond à une faute professionnelle au Québec).

Les notes de l’anesthésiologiste dans le dossier n’ont pas démontré une discussion adéquate des risques de traumatisme dentaire, et ce, malgré des problèmes dentaires connus. L’ACPM a choisi de régler le dossier en concluant une transaction, au nom de l’anesthésiologiste, avec la personne ayant subi le préjudice.

Incisive supérieure ébréchée

Un anesthésiologiste évalue les voies respiratoires d’une personne avant une intervention chirurgicale. Celle-ci relève de la classe I du score de Mallampati et présente une bonne dentition. L’anesthésiologiste explique la nécessité d’une intubation endotrachéale, ainsi que les risques de dommages dentaires.

L’anesthésiologiste procède à l’induction et tente une intubation. Des problèmes inattendus se présentent. Après une seconde tentative d’intubation à l’aide d’un vidéolaryngoscope GlideScope® AVL, la chirurgienne déclare avoir entendu un craquement. L’anesthésiologiste examine les dents et observe que l’incisive supérieure gauche est ébréchée. Après l’intervention, il divulgue le traumatisme de façon appropriée.

Une action en justice est déposée à la Cour des petites créances. On conclut que l’anesthésiologiste a expliqué la possibilité de dommages dentaires, que la personne a donné son consentement éclairé et que l’anesthésiologiste n’a pas commis de négligence (ce qui correspond à une faute professionnelle au Québec).

Gestion des risques

Une analyse des dossiers médico-légaux de l’ACPM révèle que la plupart des problèmes médico-légaux liés à des traumatismes dentaires ont été répertoriés chez des personnes ayant des problèmes dentaires préexistants (p. ex. des ponts, des couronnes, des prothèses, une mauvaise dentition ou une maladie parodontale).

Les médecins doivent se poser les questions suivantes pour mieux gérer les risques :

  • L’anamnèse et l’examen préanesthésique ont-ils été faits ou revus?
  • Les voies respiratoires ont-elles été évaluées de façon appropriée, et les observations ont-elles été consignées au dossier?
  • Des renseignements laissent-ils présager une intubation difficile?
  • Des dents vulnérables ont-elles été ciblées?
  • Quelqu’un (médecin ou autre membre du personnel de la santé) a-t-il expliqué les risques de traumatismes dentaires à la patiente ou au patient? Quelqu’un (médecin ou autre membre du personnel de la santé) a-t-il consigné au dossier les risques abordés dans le cadre de la discussion préalable au consentement éclairé?

En cas de traumatisme dentaire

Si des traumatismes dentaires se produisent à la suite d’une intervention médicale, les médecins doivent les divulguer. La discussion peut également servir à :

  • exprimer des regrets pour le dommage aux dents;
  • préciser les mesures prises pour prévenir cette complication;
  • expliquer comment s’est produit l’incident.

Les médecins faisant preuve d’empathie peuvent contribuer grandement à répondre aux préoccupations des patientes et patients à l’égard des traumatismes dentaires.

Lorsqu’un traitement dentaire est requis, les médecins traitants doivent généralement s’abstenir d’offrir ou de s’engager à assumer les coûts du traitement sans avoir, au préalable, obtenu conseil auprès de l’ACPM. Entre autres, il se peut que toute aide financière offerte volontairement par des médecins en vue d’un traitement dentaire doive être signalée à l’hôpital et à l’organisme de réglementation de la médecine (Collège) au moment d’adhérer ou de renouveler le permis d’exercice, même si aucune plainte, poursuite ou menace de poursuite n’a été amorcée.

En bref

Un traumatisme dentaire est un risque pouvant survenir au cours d’une intervention où des instruments sont insérés dans la bouche. Lorsque la situation le permet, les médecins peuvent prendre des précautions pour réduire les risques pour les patientes et patients et pour eux-mêmes en :

  • examinant la bouche avant de procéder à une assistance respiratoire;
  • discutant si possible avec la patiente ou le patient de toute situation qui augmenterait le risque de traumatisme dentaire et en consignant cette discussion au dossier;
  • discutant avec la patiente ou le patient si un traumatisme dentaire survient; advenant qu’un traitement dentaire soit requis, il y a lieu de communiquer avec l’ACPM pour obtenir conseil.

AVIS : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins générales. Ils ne constituent pas des conseils professionnels spécifiques de nature médicale ou juridique, et n’ont pas pour objet d’établir une « norme de pratique » à l’intention des personnes exerçant une profession de la santé au Canada. L’emploi que vous faites des ressources éducatives de l’ACPM est visé par ce qui précède et l’avis de non-responsabilité de l’ACPM dans son intégralité, « Contrat d’utilisation de l’ACPM ».