Recherche de l’ACPM : améliorer la sécurité des patients en évitant les retards dans le diagnostic du sepsis

OTTAWA, le 10 février 2023 - L’Association canadienne de protection médicale (ACPM) est heureuse de présenter les principales observations d’une recherche qui fait l’objet d’un article publié dans une revue examinée par des pairs : Diagnostic delays in sepsis: Lessons learned from a retrospective study of Canadian medico-legal claims. L’ACPM mène des recherches fondées sur des données probantes pour améliorer la sécurité des patients et réduire les risques médico-légaux auxquels sont exposés les médecins membres de l’Association.

L’équipe de recherche de l’ACPM a examiné 163 dossiers médico-légaux conclus entre 2011 et 2020 dans lesquels étaient consignées des critiques formulées par des expertes et experts par rapport à des retards dans le diagnostic du sepsis ou d’infections analogues (p. ex. endocardite et infections à C. difficile et S. aureus).

L’analyse rétrospective de l’ACPM visait à cibler les éventuels signes avant-coureurs d’un risque de sepsis grave, les caractéristiques des patients et les éléments des soins de santé ayant contribué aux retards dans le diagnostic du sepsis ainsi que les occasions d’amélioration.

Définition du sepsis

Le sepsis est une réaction extrême de l’organisme à une infection grave qui peut entraîner une insuffisance fonctionnelle ou un dysfonctionnement des organes. Potentiellement mortel, le sepsis est encore aujourd’hui difficile à diagnostiquer pour les médecins. Un traitement rapide améliore l’issue clinique chez les patients atteints de sepsis. Cela dit, il n’est pas nécessairement facile de reconnaître cette affection tôt, en particulier chez les adultes par ailleurs en bonne santé.

En 2017, on a estimé à 11 millions le nombre de décès liés à un sepsis à l’échelle mondiale. Il faut également savoir que le taux de mortalité associé au sepsis a très peu diminué au cours des dernières décennies, malgré les avancées réalisées dans la prise en charge.

Principales observations de l’ACPM

Des facteurs liés aux médecins membres ont été relevés dans 160 des 163 dossiers. Parmi eux, on compte une surveillance ou un suivi inadéquats, l’omission de réaliser un examen ou une intervention, ou d’administrer un médicament, et une évaluation insuffisante des affections.

« Dans 129 dossiers, soit plus de 80 % des cas, on a déterminé que les médecins n’avaient pas évalué suffisamment les affections », affirme Jacqueline Fortier, gestionnaire, section Synthèse des données probantes à l’ACPM. « Bien réfléchir aux autres causes possibles d’une douleur postopératoire ou prendre le temps d’effectuer une nouvelle évaluation avant d’accorder un congé du service des urgences sont des moyens utiles pour diagnostiquer plus rapidement un sepsis. »

Voici d’autres observations tirées de la recherche :

  • Dans les 163 dossiers analysés, 49 % des patientes et patients s’étaient rendus plusieurs fois dans des cliniques de consultation externe avant de voir leurs symptômes évoluer vers un sepsis, et dans près de 40 % des cas, des soins intensifs se sont avérés nécessaires pendant l’hospitalisation.
  • Dans 30 % des 163 dossiers, les patientes et patients qui ont intenté une action en justice avaient subi un grave préjudice, comme l’amputation d’un membre nécrosé ou des lésions cérébrales.
  • Une évaluation insuffisante (p. ex. omission d’envisager un sepsis ou d’effectuer une nouvelle évaluation avant le congé) a quant à elle été ciblée dans un peu plus de 80 % des 163 dossiers.
  • Des facteurs liés à l’équipe, par exemple une communication inefficace entre les professionnelles et professionnels de la santé, ont été cités dans près de 24 % des 88 dossiers.

Occasions d’améliorer la sécurité des patients

Les principaux facteurs contributifs liés aux équipes de soins sont une tenue de dossiers inadéquate et une communication inefficace, que ce soit entre les membres de l’équipe ou entre les médecins et les personnes sous leurs soins ou celles jouant le rôle de proche aidant. « Lorsqu’il est question de diagnostics tardifs, la façon dont les médecins communiquent entre eux et avec les personnes sous leurs soins ou celles agissant en tant que proches aidantes joue un rôle déterminant », explique le Dr Gary Garber, directeur, Soins médicaux sécuritaires – Recherche, et auteur principal de l’étude. « Il est possible pour les médecins en soins intensifs d’améliorer l’issue clinique chez les patients qui présentent un risque accru de sepsis en réfléchissant aux meilleurs moyens de coordonner les soins parmi les membres de l’équipe. »

Le sepsis demeure pour les médecins une affection difficile à diagnostiquer. De multiples visites en consultation externe pourraient constituer un signe précurseur dictant la vigilance dans l’évaluation de la patiente ou du patient. En faisant preuve de vigilance, par exemple en s’assurant d’effectuer des évaluations et une surveillance adéquates, il pourrait être possible d’améliorer l’issue clinique. Les données médico-légales peuvent nous donner une idée de ce qui entraîne des retards dans les diagnostics. En reconnaissant plus rapidement le sepsis et en assurant une prise en charge appropriée, notamment en discutant dès le début avec les équipes de soins intensifs, s’il y a lieu, il est possible d’améliorer l’issue clinique.

Ressources

Les recherches de l’ACPM publiées dans des revues examinées par des pairs sont réalisées à l’aide des données de l’ACPM, qui dispose de la plus vaste collection de données médico-légales au monde. Les études menées par l’ACPM sont publiées dans des revues médicales et scientifiques examinées par des pairs et favorisent la mise sur pied de projets de recherche en collaboration.

Prenez connaissance de cette recherche publiée dans la revue Critical Care Explorations.

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À propos de l’ACPM

L’ACPM favorise l’avancement des soins de santé en offrant, de médecin à médecin, des conseils et une assistance efficaces et de grande qualité à l’égard de problèmes médico-légaux, y compris le versement d’une compensation financière appropriée, au nom de ses membres, aux patientes et patients ayant subi un préjudice à la suite de soins négligents (ou, au Québec, d’une faute professionnelle). Ses recherches publiées dans des revues évaluées par des pairs permettent d’élaborer des produits et services fondés sur des données probantes qui accroissent la sécurité des patients, réduisant ainsi les préjudices et les coûts inutiles.

À titre d’organisation canadienne comptant le plus grand nombre de médecins et avec le soutien de ses près de 109 000 membres, l’ACPM joue un rôle de collaborateur, de défenseur des droits et d’agent de changement positif sur des enjeux importants sur le plan médico-légal et pour le système de santé. L’Association est gouvernée par un Conseil élu de médecins.