Médias sociaux : promouvoir la santé et interagir de façon responsable

Pour bon nombre de médecins, il peut être difficile d’établir une présence en ligne à l’ère du numérique. Pour veiller à ce que vos échanges et activités de promotion de la santé ne nuisent pas à votre capacité à exercer, à la réputation de la profession ou à la confiance du public, l’ACPM a conçu ce webinaire pour vous aider à utiliser les plateformes sociales de manière responsable.

Objectifs d’apprentissage

Une fois l’activité terminée, vous pourrez :

  1. Déterminer les risques médico-légaux associés à l’utilisation personnelle et professionnelle des médias sociaux.
  2. Définir les éléments importants à prendre en compte pour établir des limites professionnelles et garantir la protection des renseignements personnels sur les médias sociaux.
  3. Comprendre ce que l’ACPM peut faire si une ou un médecin fait l’objet d’une plainte ou d’une action en justice en lien avec ses activités sur les médias sociaux.

Crédits

Apprentissage synchrone

Ce programme d’apprentissage en groupe (1 crédit par heure de participation) a reçu la certification du Collège des médecins de famille du Canada et donne droit à jusqu’à 1,0 crédit Mainpro+.

La présente activité est une activité d'apprentissage collectif agréée (section 1), au sens que lui donne le programme de Maintien du certificat du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada; elle a été approuvée par l’ACPM. Vous pouvez déclarer un maximum de 1 heure (les crédits sont calculés automatiquement).

Apprentissage asynchrone

Vous pouvez réclamer 1 crédit pour avoir visionné la vidéo d’un webinaire de l’ACPM dans le cadre du Mainpro+® (Maintien de la compétence professionnelle) : Activités non certifiées : Autoapprentissage : Apprentissage en ligne (vidéos, balados).

(Toute activité non certifiée donne généralement droit à un crédit non certifié par heure).

Vous pouvez réclamer 0,5 crédit pour avoir regardé la vidéo d’un webinaire de l’ACPM dans le cadre de la section 2 du Programme de maintien du certificat (MDC) : Activités d’auto-apprentissage : Activités d’analyse (balados, audio, vidéo)

Séance enregistrée


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Dre Katherine Larivière : Bonjour à vous tous qui se joignent à nous aujourd'hui.

On espère pouvoir vous offrir, dans l'heure qui suit, des informations et des perspectives qui vous seront utiles.

Notre discussion aujourd'hui sera sur le sujet des risques médico-légaux associés à l'utilisation des médias sociaux par les médecins.

Alors, c'est vraiment un sujet au cœur de l'actualité ces jours-ci, où on touche au croisement entre la technologie, les communications modernes et les aspects pratiques des soins de la santé.

Avant de commencer le webinaire, je souhaite prendre un moment pour reconnaître le territoire où je me trouve aujourd'hui.

Les bureaux de l’ACPM, situés à Ottawa, se trouvent sur le territoire non cédé et non abandonné de la nation algonquine Anishinaabe, dont la présence ici remonte à des temps immémoriaux.

J'aimerais également souligner que nous comptons aujourd'hui des participantes et des participants de plusieurs régions du Canada.

Et je tiens à rendre hommage à ces terres-là aussi, ainsi qu'à l'ensemble des Premières Nations, des Inuits et des Métis de l'île de la Tortue.

En tant qu'organisation, ici à l’ACPM, nous reconnaissons tous les premiers peuples qui étaient ici avant nous, ceux qui vivent avec nous maintenant et les sept générations à venir.

Alors, j’ai avec moi aujourd'hui, pour notre webinaire, Maître Adriana Cargnello et Docteure Joanna Bostwick.

Alors, Dre Bostwick est médecin d'urgence et médecin-conseil à l’ACPM.

Elle fait la gestion de dossiers médico-légaux et offre des conseils aux médecins membres depuis 2021.

Bienvenue avec nous, Joanna!

Dre Joanna Bostwick : Merci Katherine. J'ai hâte de participer.

Dre Larivière : Maître Cargnello, de son côté, est associée au bureau de Gowling WLG à Ottawa, où elle pratique dans le domaine du droit de la santé et de la faute professionnelle médicale.

Elle agit depuis plusieurs années à titre d'avocate-conseil pour l’ACPM.

Bienvenue avec nous, Adriana.

Me Adriana Cargnello : Merci Katherine.

Dre Larivière : Et, en plus, on aura avec nous le Docteur Armand Aalamian, qui se joindra à nous pour modérer la période de questions.

Moi, je suis Katherine Larivière.

Je suis médecin de famille d'Ottawa, et je suis médecin-conseil au département d'éducation de l’ACPM, et je travaille ici avec l’ACPM depuis 2017.

On fait toujours les divulgations des conflits d'intérêt avant nos présentations éducatives.

Et donc, Joanna et moi-même sommes employées de l’ACPM.

Alors on dit toujours que si vous êtes membre, on travaille pour vous.

Et Adriana, de son côté, agit à titre d'avocate-conseil pour l’ACPM, en tant que son travail avec Gowling WLG.

Nos objectifs, pour notre webinaire aujourd'hui, sont premièrement de discuter des risques médico-légaux associés à l'utilisation professionnelle et personnelle des médias sociaux, ainsi que de présenter certains éléments importants à prendre en compte pour établir des limites professionnelles et garantir la protection des renseignements personnels.

Enfin, on espère vous permettre de prendre connaissance du rôle de l’ACPM dans ce genre-là de difficultés.

Alors, le contexte numérique, vraiment, il ne cesse d'évoluer… toujours des changements.

Tout comme les moyens qu'utilisent les médecins pour échanger avec leurs patientes et leurs patients, leurs collègues et le public.

Alors, si les médias sociaux offrent des possibilités de communication et d'éducation sans précédent, ils soulèvent également des enjeux qui sont uniques et qui comportent des difficultés potentielles qui pourraient entraîner des conséquences juridiques et professionnelles importantes pour les médecins.

De plus, ces jours-ci, la situation globale reste assez mouvementée.

Alors, on aimerait dire que les conflits armés, les autres crises et les événements internationaux qui sévissent de par le monde entier, ils peuvent provoquer beaucoup d'anxiété et de détresse chez un grand nombre d'entre nous.

Et nous sommes vraiment de tout cœur avec tous ceux et celles, y compris les professionnels de la santé et leur famille et leurs proches, qui doivent faire face aux effets dévastateurs de ces crises et de ces conflits.

Nous savons aussi à quel point il peut être difficile d'utiliser les médias sociaux de façon sécuritaire.

En particulier, si on sent qu’il nous incombe de se prononcer sur ces conflits, ou si on veut présenter notre opinion.

Alors, l’ACPM est là pour aider à vous guider dans ces questions-là.

Notre rôle est de vous aider à comprendre les risques médico-légaux associés aux médias sociaux et d'élaborer des stratégies pour interagir de façon responsable sur ces plateformes.

Alors, je suis vraiment ravie que tellement d'entre vous puissiez vous joindre à nous pour vous familiariser avec les particularités de la sphère numérique, et aussi pour examiner des stratégies de gestion de ces risques médicaux qui peuvent être associés à l'utilisation des médias sociaux dans le secteur de la santé.

Alors, on sait que plusieurs médecins utilisent des plateformes de médias sociaux, par exemple Instagram, Facebook, TikTok ou bien X qu'on connaissait anciennement comme Twitter, puis s'en servent pour soutenir la défense de leurs intérêts, pour diffuser de l'information en matière de santé ou même pour échanger avec des collègues.

Alors, pour notre première question.

Joanna, en tant que médecin-conseil à l’ACPM, recevez-vous beaucoup d'appels de membres à ce sujet-là?

Et est-ce que les membres peuvent appeler pour demander des conseils par rapport à leur usage des médias sociaux?

Dre Bostwick : Merci Katherine.

Oui, bien sûr.

On suggère que les membres nous appellent toujours avec ces types de questions.

En effet, les membres vont souvent nous appeler avant d'échanger sur les médias sociaux.

Et c'est par rapport à toutes sortes de questions.

Souvent, comme par rapport à la promotion de la santé, les échanges avec des pairs ou des patients et à la défense de causes particulières.

Il y a plusieurs endroits que les médecins peuvent consulter pour avoir plus d'information sur l'utilisation des médias sociaux.

Nous leur conseillons de prendre connaissance des règlements et des politiques de leurs établissements, de leur Collège.

Et aussi, il y a des conseils publiés sur notre site web à l’ACPM.

Il arrive également aussi, Katherine, que les membres vont nous appeler après avoir échangé sur les médias sociaux.

Et c'est souvent quand ils se retrouvent avec un problème médico-légal.

À ce moment-là, on examine l'assistance qui peut être offerte en fonction des faits et des circonstances.

Et bien sûr, on offre notre soutien collégial.

Dre Larivière : Merci. C'est bon à savoir que l’ACPM est là pour aider nos membres, pour vous aider si vous avez des questions.

Alors, selon vous Joanna, quelles seraient vos suggestions pour un usage prudent si jamais les médecins décident d'utiliser les médias sociaux pour des échanges avec d'autres?

Dre Bostwick : Moi, personnellement, j'aime utiliser les aide-mémoire pour ce genre de choses.

Donc, j'ai choisi les lettres A. C. P. M. qui servent parfaitement pour se rappeler de mes quatre suggestions principales.

Donc, on commence par A.

Donc, première chose, c’est Attentes.

Donc, les attentes élevées du public et du Collège quant au comportement des médecins.

Donc, il faut absolument établir des limites claires.

On vous suggère de créer un compte pour une utilisation à des fins professionnelles et un autre pour une utilisation à des fins personnelles.

Faut vraiment vous rappeler que le contenu publié sur un compte personnel est toujours susceptible d'être lu par des personnes qui vous connaissent d'abord comme médecin, et que l'utilisation d'un compte personnel ne vous permettrait pas d'échapper au regard critique de votre établissement ou de votre Collège.

Deuxième principe, donc, c'est C : tenir compte de son style de Communication.

Les principes de communication qui s'appliquent lorsqu'on s'adresse aux patientes et patients lors d'une visite en personne sont les mêmes pour les médias sociaux.

Visez toujours à communiquer de façon respectueuse et professionnelle.

Troisième point, c'est P.

Donc, prenez une Pause.

Super important.

Si vous décidez de répondre à une question ou commentaire dans le cadre d'une discussion, c'est toujours une bonne idée de bien réfléchir avant d'y répondre.

En fait, la meilleure réponse est parfois l'absence même d'une réponse.

Et finalement, quatrième principe, c’est M.

Donc, Meilleur endroit.

Est-ce que, il faut poser la question…

Est-ce que les médias sociaux sont le meilleur endroit pour vous exprimer?

Ou serait-il pas préférable d'en discuter avec des personnes d'autorité?

Par exemple, pour un problème lié à un manque de ressources ou à un problème administratif pour les médecins qui travaillent dans une clinique ou à l'hôpital.

Donc, juste pour résumer, pensez à A. C. P. M.

Donc, Attentes élevées pour les médecins.

Communication respectueuse et professionnelle.

Prenez une pause.

Et Meilleur endroit.

Donc, est-ce que les médias sociaux, c'est vraiment le meilleur endroit pour vous exprimer?

Dre Larivière : C'est super utile comme outil, merci.

Je pense que moi, ça va m'aider à m'en rappeler, là, de savoir A. C. P. M.

Alors, en santé aussi, on essaie souvent de présenter des concepts qui sont assez complexes.

Alors, Joanna, comment est-ce que nos médecins membres pourraient-ils et elles aborder ces difficultés-là?

Est-ce que tu as des suggestions à ce point-là?

Dre Bostwick : Oui, absolument.

Donc, vraiment, je pense, le message, c'est simplifier le message.

Il peut être tellement difficile de gérer la communication sur les médias sociaux, où le risque d'être mal compris est significatif et où d'autres peuvent partager votre message hors contexte, donc, par exemple, avec une saisie d'écran.

Donc, on suggère que vos messages soient clairs, objectifs et demeurent d’ordre très général.

Dre Larivière : On discute aussi souvent du risque d'atteinte à la vie privée des personnes sous nos soins, quand on présente de l'information clinique sur les médias sociaux.

Alors, un conseil qu'on peut fréquemment entendre, si on discute de cas cliniques, c'est de donner l'information, comme vous l'avez dit, la plus générale possible, afin de réduire le risque qu'une personne soit identifiée.

Et ceci, vraiment, ça pourrait être une considération pour nos membres avant de publier des commentaires sur un cas intéressant ou une vidéo de soins cliniques.

As-tu d'autres informations à nous donner au sujet, Joanna?

Dre Bostwick : C'est une question très importante, Katherine.

Les médecins ne devraient pas communiquer des renseignements qui pourraient identifier un patient ou une patiente.

Même si on ne publie pas un nom ou une date de naissance, une patiente pourrait se reconnaître, ce qui pourrait constituer un bris de confidentialité.

Si jamais il y a un doute, c'est toujours mieux juste de demander le consentement du patient.

Et, juste pour vous donner un exemple, il y a des groupes sur Facebook, par exemple des groupes de médecins, privés, où on va des fois discuter de cas cliniques pour demander des questions.

Et on voit souvent que les médecins vont dire « Je pose la question parce que j'ai le consentement du patient », par exemple.

Donc, c'est juste une bonne idée de faire ça s'il y a jamais un doute.

Dre Larivière : Oui, c'est bien vrai.

C'est toujours une bonne idée de demander le consentement du patient.

Et souvent, les patients vont même être heureux de savoir qu'il y aura plusieurs médecins qui vont pouvoir donner leur opinion sur leur sujet.

Dre Bostwick : C’est ça.

Dre Larivière : Il est toujours important d'avoir le consentement du patient.

Alors, Joanna, vous nous avez parlé de respect et des attentes qui existent pour les communications des médecins.

Et dans ce contexte-là, on parle souvent de professionnalisme.

Et le concept de professionnalisme est souvent défini comme le maintien de l'intégrité professionnelle des médecins et de la bonne réputation de la profession.

Alors, auriez-vous des conseils pour nos membres sur le professionnalisme dans le contexte des médias sociaux?

Dre Bostwick : Oui, absolument.

Le professionnalisme doit toujours être primordial.

Donc, dans tous les contextes.

C'est pas juste sur les médias sociaux, mais en personne, en ligne, c'est la même chose.

Mes quelques conseils sont les suivants.

Donc, première chose, protégez les renseignements personnels.

On vient juste de discuter de ça.

Maintenez des limites appropriées.

Évitez les conflits d'intérêts.

Évitez les déclarations contraires aux données actuelles de la science médicale.

Et, enfin, très important, prenez responsabilité pour votre présence sur les médias sociaux.

Dre Larivière : Merci.

Alors, Adriana, on n'a pas encore entendu de votre part.

De votre perspective, quelle approche pourraient prendre nos membres pour favoriser une interaction professionnelle sur les médias sociaux?

Me Cargnello : Une façon de procéder, c'est tout simplement de se poser quelques questions, avant de communiquer sur les médias sociaux.

Donc, par exemple, est-ce que ma réponse serait la même si j'étais en contact direct avec la personne ou le groupe de personnes avec qui je communique sur les médias sociaux?

Est-ce que c'est ma façon habituelle de communiquer?

Est-ce que ma réponse serait la même demain, après-demain, dans un an?

Quelles sont mes obligations déontologiques, voire même juridiques?

Et aussi, comment ma réponse serait perçue par d'autres?

C'est-à-dire mes patients et mes patientes, mes collègues, les administrateurs de mon établissement, le Collège.

Donc, en se posant ces questions, ça nous fait réfléchir à la réponse qu'on va communiquer par les médias sociaux.

Dre Larivière : Merci pour cette belle réponse complémentaire, Joanna et Adriana.

Alors, parlons maintenant de promotion de la santé.

Alors, on pense souvent à des campagnes d'information quand on parle de promotion de santé pour les patientes et les patients, et le grand public.

Alors, pour prendre un exemple, si moi je voulais participer à une campagne de sensibilisation pour une condition médicale spécifique dans le cadre de conversations individuelles, mais aussi en communiquant au moyen de médias sociaux, si l'identification et le traitement de cette condition-là c'est une cause à laquelle je crois vraiment et que je suis d'avis que cette campagne-là offre un bénéfice à la santé de la population.

Qu'est-ce que tu penses, Joanna?

De quelle façon est-ce que mes activités de promotion de la santé pourraient être perçues par le Collège?

Est-ce que le Collège nous a donné des conseils par rapport à cette question-là?

Dre Bostwick : Katherine, c'est une grande question.

Il peut être très délicat de s'engager à la promotion de la santé.

Et on a tous vu durant la pandémie que la promotion de santé peut être fortement politisée.

On considère cependant que les médecins doivent maîtriser des enjeux de santé et ont même une responsabilité de s'exprimer sur le manquement qu'ils reconnaissent.

Donc, par exemple, les médecins parlent parfois au nom des patientes et patients, des populations mal desservies ou encore du système de santé en général.

Donc la clé, c'est de rester objectif, pertinent et professionnel en tout échange.

Sur les médias sociaux, on veut éviter de participer à des échanges qui pourraient être considérés comme de la désinformation ou des attaques personnelles.

On sait que les discussions peuvent parfois provoquer des émotions vives, mais on suggère de prendre le recul nécessaire.

Donc, prenez cette pause pour formuler votre réponse.

On a vu que les Collèges ont tendance à soutenir des activités de promotion lorsque les échanges sont pertinents et respectueux.

Dre Larivière : Super!

Alors, certains médecins peuvent vraiment s'inquiéter par rapport à leur usage personnel des médias sociaux, si on s’étend un petit peu à l'extérieur des questions vraiment directement de promotion de la santé.

Alors, Adriana, est-ce que les attentes professionnelles s'appliquent aux médecins en tout temps?

Me Cargnello : Eh bien, les Collèges, les ordres professionnels en général, estiment qu'il est difficile de départager une utilisation personnelle d'une utilisation professionnelle des médias sociaux.

Alors, il est préférable d'adopter un comportement respectueux et de communiquer de manière professionnelle en tout temps, dans toutes ses communications.

Dre Larivière : Est-ce que les Collèges précisent des règles à respecter et les attentes en matière d'utilisation personnelle ou professionnelle des médias sociaux?

Me Cargnello : Certains Collèges ont publié sur l'usage des médias sociaux.

En général, plusieurs facteurs permettent de déterminer si une utilisation des médias sociaux dans la sphère personnelle peut être considérée comme un manquement dans la sphère professionnelle et, donc, manquant de professionnalisme.

Alors, on regarde par exemple la nature et la gravité du comportement ou de la communication en question.

Est-ce que la personne se présentait comme un membre de l'Ordre, donc se présentait comme médecin, par exemple?

Est-ce qu’il y avait un lien entre le message véhiculé et la profession, l'exercice de la médecine?

Donc, c’est vraiment, on regarde tout le contexte pour évaluer si, effectivement, même une communication sur une plateforme, disons, personnelle serait quelque chose à considérer dans la zone professionnelle.

Et donc, les tribunaux et les Collèges ont vraiment reconnu que l'utilisation personnelle, dans certaines circonstances, peut avoir une incidence sur le professionnalisme ou sur, disons, la réputation de la profession en général.

Et donc, il y a eu certains dossiers d'enquête suite à des plaintes au Collège pour des communications qui étaient d'ordre personnel, mais finalement se sont rendues dans la sphère professionnelle.

Dre Larivière : Alors Adriana, est-ce qu'on a une idée de quel genre de comportement adopté sur les médias sociaux pourrait être considéré comme une inconduite professionnelle par les Collèges ou les organismes réglementaires?

Me Cargnello : Bien, ce qu'on a vu, en fait, c'est comme, par exemple… les exemples les plus flagrants seraient la publication de contenus inappropriés, des atteintes à la vie privée.

Pour revenir un peu à ce que Joanna disait plus tôt, donc, c'est-à-dire la publication de renseignements personnels sans le consentement de la patiente.

Souvent, c'est à des fins publicitaires, mais ça peut être en général dans les médias sociaux.

Et ça peut être même dans des cas où les renseignements sont anonymisés.

Parfois, les patients ou les patientes peuvent se reconnaître ou leurs proches peuvent les reconnaître.

Alors, il y a aussi des commentaires qui semblent contribuer à la désinformation ou qui vont à l'encontre des données actuelles de la science médicale.

Ainsi que, bon, des attaques personnelles, des commentaires désobligeants qui démontrent finalement un manquement grave au professionnalisme.

Alors, ce genre de commentaires pourraient faire l'objet de plaintes et donc, ensuite, des enquêtes et même voire des mesures disciplinaires, tout comme des commentaires exprimés en personne.

Dre Larivière : Alors ça, ça nous donne vraiment une bonne idée de ce que les Collèges s'attendent, puis certains exemples de choses vraiment à éviter de la perspective du Collège.

Mais, quelle est l'opinion des tribunaux à ce sujet-là?

Est-ce qu’il y a de la jurisprudence par rapport à ce genre de questions?

Me Cargnello : Oui, effectivement, les tribunaux se sont penchés sur la question, disons, du pouvoir des ordres professionnels ou du Collège des médecins de réglementer l'utilisation des médias sociaux chez ses membres.

J'ai deux exemples qui viennent en tête, qui viennent à l'esprit : un dossier de la Saskatchewan impliquant l'Ordre des infirmières, et un autre dossier de l'Ontario impliquant l'Ordre des psychologues.

Alors dans le cas de l'Ordre des infirmières, du dossier de l'Ordre des infirmières, une infirmière avait fait l'objet de mesures disciplinaires pour des commentaires qu'elle avait faits sur les médias sociaux, alors qu'elle n'était pas de service et au sujet des soins fournis à son grand-père.

Cette affaire s'est rendue jusqu'à la Cour d'appel de la Saskatchewan qui finalement a renversé la décision du comité de discipline, préférant une analyse plus nuancée qui tenait compte de tout le contexte.

Quand on parle de la deux... Bon, le deuxième exemple serait la décision de l'Ordre des psychologues en Ontario.

L'Ordre a estimé que les déclarations de nature politique et très publiques sur Twitter, à l'époque, et sur balados d'un de ses membres psychologues manquaient de professionnalisme, et donc a imposé une sanction de formation en communication.

Et la Cour a rejeté la demande de révision judiciaire, et ça s'est rendu jusqu'à la Cour d'appel de l'Ontario qui a rejeté l'appel aussi.

Alors, ce qu'on peut voir dans ces décisions, c'est que les ordres professionnels, en fait, ont le pouvoir de superviser l'usage des médias sociaux par leurs membres.

Il faut trouver un équilibre entre la liberté d'expression de chaque membre et la protection du public.

Donc, il n'y a pas de renonciation à la liberté d'expression.

Mais, les membres d'une profession, dont la profession médicale, doivent respecter certaines limites.

Et donc, on voit que les tribunaux, et donc les ordres, préconisent une analyse contextuelle et nuancée.

Donc, ils vont tenir compte d'un éventail de facteurs.

Ils vont regarder le message communiqué, la teneur de ce message.

Est-ce que la personne était de service?

Est-ce que la personne s'identifiait comme membre d'une profession, donc de la profession médicale?

Et la véracité du message, par exemple.

La portée de la publication : est-ce que c'était pour un grand public ou pour un groupe plus privé?

Et donc, on regarde vraiment tout, tout ce qui… tout le contexte de la communication pour déterminer finalement s'il y a eu un manquement.

Dre Larivière : Merci beaucoup de ces exemples-là, qui je pense aident un peu à illustrer comment les principes, que des fois on pense seulement de façon philosophique presque, peuvent vraiment s'appliquer dans un contexte juridique.

Alors, je suis certaine que, à ce point ici, nos membres, vous qui nous écoutez, veulent avoir un peu plus d'information par rapport à l'aide que pourrait offrir l’ACPM si jamais il y avait des difficultés.

Alors, Joanna, est-ce que nos membres peuvent demander de l'assistance, si jamais ils ou elles font l'objet d'une plainte ou d'une action en justice à la suite d'une publication sur les médias sociaux?

Dre Bostwick : Oui, très bonne question, Katherine.

Oui, absolument.

On suggère qu’ils nous appellent pour qu'on puisse évaluer la situation.

Mais on ne peut pas… on ne peut jamais garantir l'assistance d'avance.

Mais, en général, l’ACPM va offrir l'assistance par rapport aux activités de promotion de la santé qui sont liées à l'exercice de la médecine.

Ça, c'est en général.

Cependant, cette assistance ne s'étend généralement pas aux problèmes commerciaux ou personnels, ou à la promotion d'un produit ou d'un service.

Mais, comme je l'ai mentionné, c'est très important que les membres nous appellent pour qu'on puisse voir la situation spécifique.

Dre Larivière : Alors, j'imagine que, des fois, ces situations-là peuvent être quand même assez complexes.

Dre Bostwick : Bien oui, absolument.

Dre Larivière : Oui. Alors d'appeler, ça peut aider à un peu faire la part des choses.

Dre Bostwick : Oui.

Dre Larivière : Alors, il y a beaucoup de questions de médias sociaux dans l'actualité aujourd'hui, puis de tous les genres, mais on a aussi vu beaucoup de médecins s'exprimer sur les médias sociaux par le passé durant la pandémie.

Donc, une fois que les dossiers sont fermés, des fois, on peut en apprendre des leçons.

Alors, par exemple, durant la pandémie, les questions de vaccination étaient vraiment très chaudes.

Alors, la prise de parole de certains médecins avec des questions reliées à la COVID, est-ce que ça leur a valu des ennuis, Adriana?

Me Cargnello : Bien on a vu que les Collèges ont reçu des plaintes au sujet de communications, et les Collèges ont mené des enquêtes suite à certaines plaintes, notamment au sujet de la propagation de fausses informations.

Et donc, suite à certaines enquêtes, certains médecins ont fait l'objet de mesures disciplinaires.

De manière générale, on a vu que les problèmes mineurs, ponctuels ont été résolus de façon réparatrice, sans mesures disciplinaires sévères.

Mais le risque de mesures disciplinaires plus sévères demeure, en particulier si le comportement du membre est répété ou si le Collège considère que le comportement en question constitue vraiment un manque grave de professionnalisme.

Et donc, tout dépend du contexte, voire aussi de la plainte.

Dre Larivière : Une autre question qu'on a vu survenir avec les questions de médias sociaux plus récemment, c'est les questions de… autour des allégations de diffamation.

Et, Adriana, est-ce que tu penses que nos membres, actifs sur les médias sociaux, ça devrait être une inquiétude de leur part?

Me Cargnello : Bon, pour répondre, je commencerais peut-être par définir un peu la diffamation.

La diffamation entre en jeu quand on fait de fausses déclarations, qui peuvent porter atteinte à la réputation d'une personne ou d'un organisme, et cela par… à l'écrit ou à l'oral.

Donc, ce genre de communications ou de déclarations pourraient mener à des poursuites civiles, des plaintes ou… et voire même des enquêtes hospitalières menant peut-être à des mesures disciplinaires, telles qu'une suspension de privilèges, voire une perte de privilèges, des plaintes et des enquêtes par le Collège des médecins et, peut-être, voire même des mesures disciplinaires aussi.

On peut voir aussi, même, des plaintes auprès de la Commission des droits de la personne, par exemple.

Donc, oui, il faut faire attention à nos communications et nos déclarations sur les médias sociaux.

Dre Larivière : Et, en effet, les médias sociaux, ils peuvent vraiment… ça peut être un terrain fertile pour des allégations de diffamation, puisqu'ils permettent vraiment à presque tout le monde de communiquer de l'information librement, rapidement et à très, très grande échelle.

Et de plus, une fois qu'on fait, qu'on dit quelque chose sur les médias sociaux, il peut être difficile ou même impossible de rétracter nos commentaires une fois qu'ils sont là, dans l'avenue publique.

Me Cargnello : Oui, effectivement, il faut… vu tous les dangers que vous mentionnez, il faut préconiser une approche préventive.

Donc, éviter les commentaires impulsifs, les commentaires désobligeants, que ce soit à l'oral ou à l'écrit, sur les commentaires sociaux… sur les médias sociaux.

Réfléchir à comment le message serait accueilli et interprété par la personne visée ou par d'autres.

Comprendre… bien comprendre ses obligations déontologiques, aussi, et ses obligations juridiques.

Mais parfois, après mûre réflexion, si on a des communications… qu'on veut vraiment communiquer… communiquer des préoccupations légitimes en suivant les canaux administratifs en vigueur, surtout dans un établissement, serait probablement la meilleure approche.

Dre Larivière : Des très bons conseils.

Puis, Joanna, est-ce que vous auriez d'autres suggestions à faire à nos membres, avec votre expérience à répondre à leurs appels?

Dre Bostwick : Oui, en fait, je vais juste ajouter une autre suggestion.

Il peut être très risqué de communiquer par des groupes WhatsApp ou des groupes Facebook ou par texto, si on veut communiquer nos préoccupations, par exemple, par rapport à l'établissement.

Donc, c'est juste… c'est juste parce que, comme on avait mentionné avant, les personnes peuvent prendre une saisie d'écran d'une publication pour la partager.

Donc, juste de garder en tête que même si la publication est supprimée, elle n'a pas nécessairement disparu.

Dre Larivière : Alors, merci pour ces rappels-là, Joanna.

Puis, on sait qu’il existe toutes sortes de différents médias dans le monde électronique, est-ce que les forums de discussion comme Quora ou Reddit, ou les blogues ou les forums privés de médecins, est-ce qu’ils sont considérés comme des médias sociaux?

Adriana, peut-être que tu peux nous donner plus d'information à ce sujet-là.

Me Cargnello : Oui, je pense qu'il faudrait considérer que la réponse très simple, c'est oui.

Il faut interpréter « médias sociaux » au sens large.

Certains organismes ont des politiques qui définissent ce que sont les médias sociaux, et on y retrouve des listes, mais c’est des listes non exhaustives.

Donc, vaut mieux considérer, interpréter « médias sociaux » au sens large : les forums en ligne, les blogues, les balados, toute communication comme ça, diffusée finalement de façon électronique.

Donc oui, Quora, Reddit, plusieurs autres plateformes en ligne sont des médias sociaux.

Et ce qu'il faut retenir, c'est que les attentes en matière professionnelle sont les mêmes pour toutes les communications, qu'elles soient en personne, en ligne ou sur les médias sociaux.

Dre Larivière : Merci pour cette réponse-là.

Vraiment, il faut faire attention à notre professionnalisme, en tout moment en tant que médecin.

Me Cargnello : Oui.

Dre Larivière : Alors, ça nous amène à la fin de nos questions préparées.

Alors, pour conclure, l'utilisation des médias sociaux peut présenter à la fois des bénéfices, mais aussi des risques.

Alors, avant de procéder à la période de questions, j'aimerais prendre un moment pour répéter certains points saillants.

Moi, j'ai vraiment retenu de ce qu'on vient de discuter que tout ce qu'on publie à l'Internet ou par tout moyen de communication électronique, même toutes ces avenues-là, ça peut devenir permanent et ça pourrait nous revenir des années plus tard, puis dans des contextes vraiment inattendus.

Alors, c'est important aussi de ne pas oublier la confidentialité et la sécurité des renseignements personnels sur la santé.

Alors, Joanna et Adriana? Est-ce qu'il y a des informations que vous aimeriez rappeler à nos membres avant de passer à la période de questions?

Dre Bostwick : Certainement.

Donc, selon moi, un aspect super important, c'est que l'information publiée sur les médias sociaux est publique.

Et donc, l'importance encore une fois d'être professionnels et respectueux en tout temps.

Et juste de rappeler mon petit aide-mémoire : A. C. P. M.

Donc, Attentes élevées.

Communication.

Prenez une pause.

Et est-ce que c'est le Meilleur endroit, avant d'échanger sur des médias sociaux?

Me Cargnello : Bien moi, je… un petit rappel à tous de bien respecter le code de déontologie des médecins, par exemple, les lignes directrices des Collèges ou du Collège de votre province, aussi les lignes directrices et les politiques de votre établissement, si vous travaillez en établissement.

Dre Larivière : Alors, merci beaucoup à vous deux pour ces rappels importants.

Alors, on va commencer, sur cela, notre période de questions, et notre modérateur va être le Docteur Armand Aalamian.

Il est médecin de famille et possède une vaste expérience dans la promotion et l'amélioration de l'éducation médicale.

Il dirige notre service d'éducation à l’ACPM et ce service-là a pour mandat de contribuer à des soins médicaux sécuritaires au Canada.

Alors, à toi, Armand.

Dr Armand Aalamian : Bonjour Katherine.

Quel échange intéressant, merci!

Alors, écoutez, nous avons plusieurs questions.

Alors, je vais lancer tout de suite la question et je veux faire juste une petite annonce que c'est possible que vous n'entendiez pas nécessairement vos questions comme vous les avez posées.

J'ai regroupé un peu les questions par thèmes.

Alors, notre première question est pour vous, Joanna.

J'ai trouvé des commentaires critiques à mon égard sur une plateforme d'évaluation.

Je trouve ces commentaires très injustes.

Comment puis-je y répondre?

Est-ce que je peux faire retirer les commentaires?

Est-ce que j'ai le droit de poursuivre la personne qui a publié le commentaire?

Dre Bostwick : Donc, on commence avec une grande question.

Dr Aalamian : Oui. Nous avons quand même trois questions.

Dre Bostwick : OK, donc, trois questions.

Dr Aalamian : Oui, voilà.

Dre Bostwick : OK, donc, si je comprends bien, on parle d'une plateforme comme RateMDs, pour donner un exemple.

Pour répondre à la première partie, donc, comment répondre?

Je pense que la première chose, c'est juste que nous savons que cette situation, c’est tellement décourageant et frustrant.

Et j'ai beaucoup d'empathie pour les membres qui nous appellent par rapport à cette situation, comme médecin, comme collègue.

Malgré cela, l’ACPM recommande généralement à ses membres d'éviter de répondre publiquement aux commentaires sur des sites web d'évaluation.

Si un commentaire provoque des émotions vives, c'est vraiment important, comme on a déjà discuté, de prendre le recul nécessaire. Prenez une pause de 2 heures, 2 jours, 24 heures, mais c'est juste de réfléchir à une réponse objective.

Cependant, dans de nombreux cas, la meilleure réponse est parfois l'absence même d'une réponse.

Si vous publiez une réponse, le problème, c'est que ça peut mener à une série d'échanges publics inappropriés entre vous et vos patientes et patients.

Et une réponse mal interprétée peut aggraver la situation et donner l'impression que vous êtes sur la défensive.

Donc, et je pense que la deuxième partie, c'est est-ce que j'ai… pardon, est-ce que je peux retirer les commentaires?

Donc oui, il est possible de demander à la société qui possède le site web d'évaluation de retirer les commentaires diffamatoires.

C'est une option.

Mais juste pour mentionner que, en cas de plaintes répétées par vos patients sur un site web d'évaluation, les membres devraient discuter en personne avec ces patients-là qui font des publications diffamatoires.

Et puis finalement, la troisième partie, en termes de poursuites…

Comme on avait mentionné avant, on ne peut pas garantir l'assistance d'avance, mais en général, l’ACPM n'offre pas d'assistance aux membres qui veulent lancer une action civile contre une société propriétaire d'un site web d'évaluation ou une personne ayant publié des commentaires en ligne.

Si vous ressentez le besoin de réagir, assurez-vous de le faire d'une façon respectueuse envers vos patients, vos collègues et toute autre personne concernée.

C'est important de protéger vraiment les renseignements personnels sur la santé de vos patientes et patients.

Concentrez-vous sur le problème et évitez les attaques personnelles, même si vous en avez fait vous-même l'objet.

Dr Aalamian : Merci beaucoup.

Alors, notre prochaine question, ça s'adresse à vous, Adriana.

Si j'aime (autrement dit, en anglais, on dit « like ») une publication controversée ou qui pourrait me causer des problèmes sur le plan professionnel, est-ce qu'on considère que j'approuve les propos publiés ou que je partage la même opinion?

Me Cargnello : Oui, bon, le fait d'aimer ou de partager une publication peut donner l'impression que vous êtes d'accord avec son contenu.

Évidemment, d'aimer ou de partager n'est pas l'équivalent d'écrire un commentaire soi-même, mais le contenu d'une communication partagée pourrait faire l'objet d'une plainte par quelqu'un à votre sujet, que ce soit à l'hôpital ou au Collège.

Et donc… parce qu'il faut se rappeler que, finalement, les médias sociaux ont une vaste portée et donc les publications aussi.

Ces publications touchent plusieurs personnes et sont assez permanentes.

Donc, on a vu qu'avec ça, les Collèges examinent tout le contexte pour déterminer si, par exemple, le fait d'aimer, de partager une publication particulière constitue une inconduite professionnelle.

Ils vont regarder, finalement, les mêmes contextes que j'ai mentionnés tout à l'heure, donc la véracité du message, peut-être la nature de la publication.

Est-ce que le médecin, en partageant, s'identifiait comme un membre de la profession médicale?

Les raisons pour lesquelles le message a été partagé.

Donc, on regarde tout le contexte.

Dr Aalamian : Alors, merci beaucoup.

Et il y a une deuxième partie, pour vous encore.

Est-ce que je peux suivre n'importe qui sans crainte de représailles?

Me Cargnello : Bon, encore là, si on… de suivre quelqu'un, c'est pas la même chose que d'aimer, de partager.

Disons, par ordre, on aurait une communication qu'on écrit soi-même, ensuite, aimer, partager et ensuite suivre.

Mais, encore là, même suivre un site en particulier ou un groupe en particulier pourrait être pertinent.

Et donc, on pourrait avoir des conséquences au niveau professionnel, si jamais on a une plainte au Collège par le fait même d'avoir suivi un groupe particulier.

Donc, ça dépend.

On va regarder, encore là, le contexte.

Quel groupe?

La communication, en particulier, la nature et la teneur des commentaires, la véracité du message, les idées véhiculées, et cetera.

Dr Aalamian : La prochaine question est à vous, Joanna.

Que fait l’ACPM pour soutenir les médecins qui font l'objet de plaintes de la part d’un hôpital ou de leur Collège en raison de leurs prises de position sur des questions internationales?

Dre Larivière : Alors, Joanna, est-ce que ça te dérange si je prends cette question-là?

Dre Bostwick : Allez-y, Katherine.

Dre Larivière : Alors, vraiment, l’ACPM comprend que les conflits armés, puis les autres crises et les événements internationaux qui sévissent dans le monde entier, provoquent chez nos membres un degré élevé d'anxiété et de détresse.

Puis, on est vraiment de tout cœur avec tout le monde, y compris les professionnels de la santé, leur famille, leurs proches qui doivent faire face aux effets dévastateurs de ces crises et de ces conflits.

Alors, on sait que certains membres estiment qu'il leur incombe vraiment de se prononcer en ligne sur ces enjeux.

Et on sait aussi que ces publications-là sont susceptibles d'accroître les risques de plaintes et de poursuites en diffamation.

Alors, notre rôle est vraiment d'aider nos membres à comprendre les risques associés aux médias sociaux et d'élaborer des stratégies pour interagir de façon responsable sur ces plateformes.

Je crois que je l'ai déjà exprimé au début de notre webinaire, puis c'est vraiment pour… c'est une des raisons pour lesquelles on a fait notre webinaire aujourd'hui.

Alors, on peut aussi offrir du soutien au besoin à nos membres, si on détermine que les activités en question se rapportent à l'exercice professionnel de la médecine.

Si des membres font face à une plainte de leur Collège ou à des allégations de diffamation, l’ACPM va premièrement chercher à établir si les allégations découlent d'activités de promotion de la santé qui sont liées à l'exercice professionnel de la médecine du membre.

L’assistance de l’ACPM, par contre, ne s'étend pas généralement aux affaires qui découlent de la sphère privée.

Puis, par conséquent, les membres ne devraient pas s'attendre à ce que l'Association nous soutienne… l'Association les soutienne dans des situations de nature qui sont principalement soit personnelle ou bien commerciale.

Dr Aalamian : Merci Katherine.

Alors, prochaine question.

Est-ce que je peux parler de mes interactions avec mon Collège, tant que mes commentaires ne portent pas atteinte à la vie privée ou ne sont pas explicites?

Par exemple, en plus de voir 30 patients et patientes par jour et de faire de mon mieux pour tenir le coup, je fais maintenant l'objet d’une plainte au Collège pour avoir donné des détails sur la plainte et demandé des conseils dans un groupe de discussion, par exemple.

Pensez-vous que je suis en tort?

Adriana ou… vous pouvez commencer, peut-être, Adriana et Joanna?

Me Cargnello : Bon, en général, étant donné la nature confidentielle de la plainte elle-même, je pense qu'il est généralement conseillé de ne pas divulguer l'existence même d'une plainte sur les médias sociaux.

Donc, si vous faites l'objet d'une plainte, les médias sociaux, ce n'est pas le moment ou ni la place, ni le meilleur endroit pour en parler.

Est-ce que…

Dre Bostwick : Oui, je pourrais ajouter…

Donc, je pense qu'on pourrait dire, en général, que bon nombre de médecins qui font l'objet d'une plainte ou d’une enquête au Collège font face à une grande anxiété.

Donc, j'ai quelques suggestions à partager pour diminuer ce stress.

Donc, première chose, définitivement, appelez à l’ACPM.

Nous pouvons vous guider tout au long du processus et vous offrir vraiment un soutien collégial.

Après tout appel, par rapport à mon approche personnelle, je dis toujours aux membres : « Voilà mon nom, voilà votre numéro de dossier. Appelez-moi demain, la semaine prochaine, dans deux mois si vous avez d'autres questions. Vous pouvez utiliser aussi notre portail sécurisé. »

Donc, c'est pas comme si vous appelez juste une fois, c'est la dernière fois qu'on va se parler.

On est là pour vous donner du soutien.

La deuxième chose à se rappeler, c'est que les médecins, ils pensent souvent qu'ils sont la seule personne dans cette situation.

La plupart des médecins font l'objet d'au moins une plainte au cours de leur carrière.

Et la plupart de ces plaintes ne donnent pas lieu à des mesures disciplinaires ou sont carrément rejetées.

Finalement, je dirais de consulter les publications de l’ACPM portant sur les plaintes au Collège.

Il y a beaucoup, beaucoup de conseils par rapport aux plaintes et aussi sur la gestion du stress.

Dr Aalamian : Merci beaucoup.

Alors, je regroupe quelques questions pour vous poser la question suivante.

Lorsque je publie un commentaire, est-ce qu'on considère toujours que je le fais à titre de médecin?

Ou existe-t-il un moyen de publier une opinion, par exemple politique et en mon nom personnel, sans qu'elle soit liée à mon statut professionnel?

Peut-être Adriana? J’adresse la question à vous.

Me Cargnello : Bien, la ligne est mince entre un commentaire, disons, personnel et un commentaire professionnel.

Donc, ce que vous publiez en votre nom personnel peut être lu par des personnes qui vous connaissent, finalement, seulement dans le milieu professionnel, en tant que médecin.

Le public, les Collèges ont des attentes élevées en ce qui concerne le comportement des médecins, y compris leur utilisation des médias sociaux, donc, même lorsque c'est un compte personnel.

Donc, puisque les Collèges estiment généralement qu'il est difficile de départager, finalement, une utilisation personnelle d'une utilisation professionnelle des médias sociaux, il est préférable, tel qu'on le disait tout à l'heure, d'adopter un comportement respectueux.

Communiquez de manière professionnelle en tout temps.

Et donc, on en a parlé tout à l'heure aussi, les Collèges étudient, bon, si jamais il y a une plainte au sujet de commentaires qu'un médecin a faits, les Collèges étudient les plaintes en considérant le contexte, pour déterminer si le commentaire constitue une inconduite ou un manquement à une obligation déontologique ou professionnelle.

Donc, et ça, on en a parlé tout à l'heure, des facteurs :

Est-ce que le message publié était publié alors que quelqu'un était de service?

La personne s'identifiait comme médecin ou pas.

La véracité du renseignement, des messages.

La nature de la communication.

Dr Aalamian : Alors, merci.

Prochaine question, ça va être à vous encore une fois, Adriana.

Si j'ai une page professionnelle et que de faux comptes à mon nom se créent et véhiculent de la désinformation ou vendent des produits, quelle est ma responsabilité et avez-vous des conseils pour moi?

Me Cargnello : Bien, je pense qu’un des conseils, ce serait peut-être en fait de communiquer avec l’ACPM.

Et on pourrait peut-être fournir certains conseils, pour que vous puissiez communiquer peut-être avec l'organisme qui tient la plateforme en question.

C'est un cas très particulier.

Alors, à ce moment-là, il faudrait regarder tout ce qu'il en est pour pouvoir fournir des conseils particuliers à un cas de ce genre-là.

Je ne sais pas si vous avez quelque chose à ajouter à ce sujet?

Dre Bostwick : Oui, vraiment, c'est une très bonne question.

C'est juste que, vraiment, je pense que dans ces cas particuliers, ça vaut vraiment la peine d'appeler l’ACPM pour en discuter, parce qu'on a vraiment besoin de savoir un peu plus les faits, les circonstances pour bien être capable de dire c'est quoi notre assistance par rapport à cette situation et pour donner nos conseils.

Dr Aalamian : Merci beaucoup, merci à vous deux.

Que peut-on faire lorsqu’on est face à de la désinformation scientifique médicale flagrante sur les médias sociaux?

Par exemple, la promotion de suppléments ou des vitamines par les influenceurs, et cetera.

Dre Bostwick : Donc si… c'est pas nous qui publions l'information, mais on devient… on devient conscient qu'il y a peut-être un autre médecin qui publie ce type d’information, si je comprends bien?

Dr Aalamian : C'est comme ça que je vois la question, aussi.

C’est que quelqu'un a publié quelque chose qui est flagrant, qui n'est pas vraiment à date et c'est de la désinformation.

Alors, qu'est-ce qu'on fait?

Est-ce qu’on a une obligation de faire quoi que ce soit?

Dre Bostwick : Encore une fois, je sais, on se répète, mais vraiment c'est un type de situation où il faut appeler l’ACPM.

Il n'y a pas de conseil, en général, pour cela.

Donc, c'est pour ça qu'on est là, pour vous aviser dans ces circonstances.

Si vous pensez vraiment qu'il y a une inquiétude par rapport à vos collègues, vous pensez que c'est de la désinformation?

Appelez-nous.

Et puis, on va être capable de déterminer notre assistance et puis de donner notre soutien collégial et de donner des conseils à ce moment-là.

Je ne sais pas s'il y avait d'autres suggestions.

Me Cargnello : Oui, bien c’est… en fait, tu en as parlé tout à l'heure, Joanna, c'est de voir quel est le meilleur forum pour contrer une désinformation.

Est-ce qu'il faut répondre sur les médias sociaux ou pas?

Est-ce qu'il y aurait un autre forum?

Et ça pourrait dépendre, par exemple, de qui a publié l'information en question?

Est-ce qu'il faut y répondre?

C'était dans quel contexte?

Donc, il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu pour voir, bon, quelle serait la meilleure approche dans un cas comme ça.

Dre Larivière : Puis moi, j'ajouterais aussi…

J'ajouterais, si je peux, juste brièvement aussi.

Ce qui peut aider à guider votre décision par rapport à la réponse à prendre, ce serait aussi… c'est quelle est votre affiliation avec cette information-là?

Est-ce que vous avez… est-ce que c'est tout simplement vous l'avez vue sur un site web, par contre, ou est-ce que c'est avec un groupe avec lequel vous êtes affilié?

Alors, votre lien envers cette désinformation va aussi affecter le besoin ou non d'y répondre et comment procéder.

Dr Aalamian : Super, merci beaucoup.

Je vais poser la prochaine question à vous, Adriana.

De plus en plus, par exemple, sur certaines plateformes, il y a des échanges d'information sur les patients hospitalisés entre les résidents et les superviseurs, souvent pour accélérer la prise de décision thérapeutique.

Quels conseils donneriez-vous pour sécuriser les échanges?

Me Cargnello : Bien, d'abord, il est important de suivre les règles de son établissement quant à la communication des renseignements.

Donc, s'il y a des canaux qui sont préconisés par votre établissement, d'abord choisir ses canaux.

Faire très attention avec la divulgation et l'usage de renseignements personnels par des médias qui ne sont peut-être pas sécuritaires.

Et donc, il y a aussi certains Collèges qui ont publié des conseils sur l'usage de ces plateformes.

Vous pouvez aussi appeler à l’ACPM pour obtenir des conseils particuliers sur votre situation particulière.

Mais il faut faire attention, surtout quand on considère les données personnelles et confidentielles des patients.

Dr Aalamian : Super, merci!

Écoutez, il ne reste pas grand temps, mais je vais peut-être poser une dernière question, très rapide, à Katherine.

Katherine, comment peut-on avoir un résumé des grandes lignes de cette conversation, comment on peut avoir accès à ça?

Dre Larivière : Aux grandes lignes?

Dr Aalamian: Oui, c'est ça! C'est la question que j’ai posée.

Dre Larivière: Alors, si vous cherchez des ressources, vraiment, à l’ACPM, on offre des formations et des publications qui peuvent aider, en général, à gérer les conflits, les interactions difficiles.

Et, en particulier, sur les médias sociaux, on a quelques articles intitulés « Résoudre les conflits entre les professionnels de la santé » et « Gestion des conflits ».

Ils ne sont pas spécifiquement par rapport aux médias sociaux ceux-là, mais ils peuvent aider à guider l'approche lors de situations difficiles.

Mais on a aussi certains articles par rapport aux médias sociaux auxquels vous pouvez avoir accès aussi sur notre site web.

Je crois que vous avez tout simplement à mettre « médias sociaux » dans la boîte de recherche sur la page principale de notre site web.

Dr Aalamian: Super, je vous remercie.

Écoutez, je suis vraiment triste qu’on est rendu à la fin de notre période de questions, parce qu'il reste tellement de bonnes questions.

Mais, malheureusement, on n'a pas le temps.

Alors, je vous passe la parole, Katherine. Merci.

Dre Larivière: Merci beaucoup, Armand, d'avoir géré toutes ces questions-là, que je suis certaine qui sont arrivées.

Alors, on est déjà rendu à la fin de notre webinaire.

On sait qu'on n'a pas eu le temps de tout adresser, ou même des fois, les gens ne sont pas satisfaits parce qu'on n'a pas été capable de répondre de façon assez spécifique à leurs souhaits.

Alors, s’il vous reste des questions plus spécifiques ou plus individuelles, vous pouvez consulter nos ressources sur notre site web ou bien appeler, prendre rendez-vous pour une consultation avec un médecin-conseil pour en discuter et avoir des conseils vraiment personnalisés.

Alors, comme pour vos autres questions médico-légales, on est là pour vous.

Alors, de la part de nous tous, merci beaucoup de vous être joint à nous aujourd'hui et merci pour tous les soins que vous offrez dans votre communauté.

Bonne journée.




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