■ Obligations et responsabilités :

Les attentes vis-à-vis des médecins

Présence d’une tierce personne en salle d’examen : serait-il temps d’y repenser?

Un médecin examine une patiente tandis qu’une adjointe médicale prend des notes en arrière-plan.

8 minutes

Publié : mars 2019 /
Révisé : octobre 2023

Les renseignements présentés dans cet article étaient exacts au moment de la publication

En bref

  • Envisagez la présence d’une tierce personne pour certains examens physiques, ou pour tous les examens, peu importe le sexe de la personne soignée ou la durée de la relation thérapeutique.
  • Obtenez le consentement explicite de la patiente ou du patient lorsque la tierce personne n’est présente qu’à des fins d’observation.
  • Ce consentement ainsi que l’accompagnement doivent être clairement consignés dans le dossier médical.
  • Envisagez des stratégies supplémentaires pour gérer les risques lors d’examens physiques, notamment le respect de l’intimité, le maintien de limites appropriées et l’adoption d’un comportement professionnel en tout temps.

Ces dernières années, Collèges et assemblées législatives ont renforcé des politiques de tolérance zéro à l’égard des abus sexuels, redéfini ce qui constitue un abus sexuel et augmenté les sanctions envers de tels abus.

Compte tenu des conséquences graves que peuvent avoir les allégations d’abus sexuel, les médecins peuvent se demander comment faire pour veiller à ce que les limites soient respectées et à ce que les personnes qui les consultent se sentent en sécurité.

Une solution est d’opter pour un accompagnement lors de certaines ou de toutes les évaluations physiques, quel que soit votre sexe ou celui de la personne soignée, et même si votre relation professionnelle est établie de longue date. Si vous aviez décidé qu’une telle présence n’était pas nécessaire lors de ces examens, le moment est peut-être venu de repenser à votre approche, particulièrement en ce qui a trait aux examens intimes.

Recourir à un accompagnement

Le fait de recourir à la présence d’une tierce personne peut contribuer à la protection et au sentiment de sécurité de toutes les parties. Cette présence pourrait être rassurante pour la patiente ou le patient et atténuer son sentiment de vulnérabilité lors d’un examen physique intime. Vous pourriez aussi constater que le fait de recourir à un accompagnement a le potentiel de réduire le nombre d’actions en justice et de plaintes auprès du Collège.

Au moment de prendre cette décision, il vous faudra respecter les attentes du Collège. Certains Collèges recommandent la présence d’une tierce personne, ou qu’une telle présence soit au moins offerte lors d’examens intimes, comme un examen pelvien (rectal, vaginal, testiculaire) ou mammaire. Ils encouragent également les médecins à l’envisager sérieusement lors d’examens pouvant donner lieu à une contestation, comme les examens médicaux indépendants.

Si vous exercez en milieu hospitalier, discutez avec l’administration des politiques ou des procédures concernant la présence d’une tierce personne, dans l’hôpital, pour certains examens. D’autres facteurs dont vous devrez tenir compte au moment de prendre cette décision comprennent le type d’examen, votre relation avec la personne soignée et la disposition de celle-ci à cet égard.

La patiente ou le patient doit avoir consenti à la présence d’une tierce personne. Lorsqu’une personne de l’équipe clinique participe à l’examen et assure également l’accompagnement (p. ex. une infirmière), le consentement peut être implicite. Toutefois, il doit être explicite si la personne assurant l’accompagnement n’est présente qu’à des fins d’observation.

La présence d’une tierce personne et le consentement doivent être clairement consignés au dossier médical. Tout cas de refus doit également figurer au dossier.

Il se peut que des patientes ou patients manifestent de la réticence à l’égard de la présence d’une tierce personne au départ, puis changent d’avis si le rôle de cette dernière leur est expliqué. Par exemple, vous pouvez leur dire que cette personne n’est là qu’à des fins d’observation, pour les protéger et les rassurer. Il est important de leur souligner que la tierce personne respectera leur vie privée et la confidentialité de leurs renseignements de santé.

Si vous estimez qu’un accompagnement est requis malgré les souhaits exprimés par la patiente ou le patient, vous pouvez envisager, en dernier recours, de reporter un examen non urgent et de confier le dossier à une ou un collègue qui est en mesure d’effectuer l’examen sans un tel accompagnement. Prenez toutefois soin, dans un tel cas, de vous assurer que la patiente ou le patient comprend bien les conséquences cliniques d’un report des soins.

Un transfert de dossier ne devrait pas retarder un traitement requis ou urgent. Si la personne soignée ne consent pas à l’accompagnement et que vous décidez de retarder les soins ou de ne pas les prodiguer, elle pourrait porter plainte auprès du Collège ou du tribunal des droits de la personne.

Si l’examen physique est nécessaire pour faire face à une situation d’urgence ou d’extrême urgence et que l’accompagnement est refusé, il est généralement approprié d’effectuer l’examen urgent, tout en tenant compte des mesures supplémentaires de gestion des risques décrites plus loin dans cet article.

Choisir une tierce personne

De préférence, la tierce personne devrait être qualifiée et exercer une profession médicale, bien connaître l’examen en question et être en mesure de confirmer que celui-ci a été effectué correctement, au besoin. Une personne qualifiée peut aussi se sentir plus à l’aise pour poser des questions ou soulever des préoccupations sur le déroulement de l’examen.

En l’absence d’une telle personne, du personnel non médical (de soutien administratif, par exemple) pourrait prendre sa place. Toutefois, cette personne pourrait ne pas avoir les connaissances cliniques nécessaires pour commenter le caractère approprié de l’examen. Certains Collèges offrent de la formation pour aider le personnel de bureau à comprendre son rôle et ses responsabilités en matière d’accompagnement lors d’examens intimes. Si vous envisagez de recourir à du personnel non médical à ce titre, il serait judicieux de vous renseigner sur les ressources de formation disponibles en matière d’accompagnement auprès du Collège de votre province ou territoire, ou auprès de votre association ou fédération professionnelle. Peu importe la personne choisie, il est de votre responsabilité de discuter avec elle de son rôle et de vos attentes, en particulier de la nécessité du respect de la dignité et de la vie privée.

Dans certains cas, il peut être raisonnable de suggérer à la patiente ou au patient de se faire accompagner par quelqu’un de son choix lors de l’examen, en particulier lorsque vous ne disposez pas des ressources nécessaires pour lui offrir un accompagnement.

Néanmoins, la présence d’une ou d’un membre de la famille ou d’une connaissance pourrait tout de même être souhaitée pendant l’examen. Vous devez généralement vous conformer à toute demande raisonnable. Il faut toutefois avoir conscience qu’une personne du cercle familial ou amical n’est pas toujours capable d’impartialité et pourrait ne pas bien comprendre le but ou le déroulement de l’examen.

Respect des limites

Les patientes ou patients qui ne disposent pas de renseignements suffisants sur ce qu’un examen comporte ou qui ne comprennent pas bien le but de l’examen peuvent avoir l’impression que les limites n’ont pas été respectées. Les gens qui ont une telle impression sont alors plus susceptibles de déposer une plainte auprès du Collège ou d’intenter une action civile. Outre l’accompagnement, il existe d’autres stratégies de gestion des risques que vous pouvez envisager pour maintenir des limites appropriées.

Respectez l’intimité

Lorsqu’une patiente ou un patient doit se dévêtir ou se revêtir, assurez-vous de lui donner suffisamment d’intimité pour le faire (p. ex. en quittant la salle, en lui proposant de se rendre dans une autre salle ou en tirant un rideau entre vous). Cette mesure s’applique à tous : vous, votre personnel et la tierce personne. Prévoyez un drap ou une chemise pour que la personne soignée puisse se couvrir, et évitez d’ajuster ou de lui retirer ses vêtements sans son consentement explicite.

Communiquez clairement et obtenez le consentement

Avant de procéder à un examen, assurez-vous que la personne soignée y a consenti. Expliquez-lui en quoi consiste l’examen et la raison pour laquelle vous devez l’effectuer. Prévenez-la avant de vous approcher de toute partie vulnérable. Par exemple, elle pourrait ne pas savoir si l’intervention impliquera une palpation. Lorsque la personne soignée nécessite un examen par palpation, assurez-vous de le lui dire à l’avance.

S’il vous faut modifier votre approche à un examen déjà en cours, expliquez la situation et reconfirmez le consentement.

Encouragez la patiente ou le patient à poser des questions et à vous exprimer immédiatement tout sentiment d’inconfort ou de détresse. Une fois que l’examen est terminé et que la personne soignée a eu la possibilité de se rhabiller en privé, il peut être utile de lui demander si elle a des questions ou des préoccupations.

Conservez une attitude professionnelle

Des médecins tentent d’atténuer l’anxiété des patientes et des patients pendant les examens intimes en plaisantant et en tenant des propos amusants, en relatant des histoires personnelles ou en minimisant l’importance de l’examen. Bien qu’il soit naturel de vouloir mettre l’autre à l’aise, il est préférable d’éviter ces types de conversations lors d’examens intimes, car elles pourraient être mal interprétées.

Selon l’expérience de l’ACPM, la meilleure façon de mettre une personne à l’aise est de faire preuve d’amabilité et de compassion, et d’adopter un comportement professionnel irréprochable.

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