Cadre : Service d'urgence avec quatre personnages
Claire Joanisse — patiente : (d'un air sombre) J’aurais pu mourir. Les docteurs m’ont bien dit que j’étais chanceuse d’être vivante. Je ne peux toujours pas me servir de mon bras droit et j’ai parfois de la difficulté à trouver mes mots. Mais, en général, ça va mieux.
Je souffre de migraines depuis que je suis adolescente. Je ne voulais vraiment pas aller à l’urgence ce jour-là, mais je n’ai pas de médecin de famille, alors il fallait attendre à l'urgence pour avoir d'autres médicaments.
C’était au milieu de la journée. J’étais au travail et très occupée. Mais j’ai eu un mal de tête insupportable et je n’avais plus de médicaments. Il est venu tout d’un coup. C’était le pire mal de tête que j’ai jamais eu.
Dianne Lemieux — infirmière au triage : (sympathique) Je l’avais déjà vue quelques fois à l’urgence. La pauvre fille, elle avait des migraines récurrentes et une douleur de 10 sur 10 qui ne s’améliorait pas toute seule. Elle attend parfois des heures, juste pour un renouvellement de médicaments. J’ai essayé de trouver quelqu’un pour s’en occuper pour qu’elle puisse partir plus tôt.
Dre Lucie Huard — résidente de première année : (un peu angoissée) Diane m’a demandé d’aller voir Mme Joanisse qui venait fréquemment à l’urgence pour des migraines. Je n’ai pas fait une anamnèse bien détaillée. Son dossier médical indiquait plusieurs autres visites semblables. Je pense que la douleur était comparable à celle des derniers épisodes.
C’est docteur Nolin qui avait rédigé sa dernière ordonnance. Elle semblait avoir bien réagi aux antimigraineux et il voulait qu'on la lui renouvelle. J’ai vu aucun problème donc je lui ai remis une nouvelle ordonnance et je lui ai dit de rentrer chez elle.
Dr Nolin — médecin urgentologue : (un peu défensif) Je connaissais cette patiente-là. Je l’avais déjà vue auparavant. Elle a des antécédents familiaux de migraines et elle en souffre elle-même depuis environ 10 ans.
Mme Joanisse semblait alerte et orientée quand je suis passé devant elle dans la salle d’attente, alors je pensais pouvoir compter sur la résidente pour s’en occuper.
Mais qui aurait bien pu penser que cette fois-ci il s’agissait d’une hémorragie sous-arachnoïdienne? Je ne pouvais pas savoir.
Question clé : Quels facteurs, incluant les biais cognitifs, ont affecté le processus diagnostique chez cette patiente?