Ce n’est pas d’hier que les médecins se portent à la défense de leurs patientes et patients, s’efforcent de contrer la désinformation en santé et plaident en faveur d’améliorations au système. Bien que l’ACPM appuie ces efforts de sensibilisation, elle est consciente qu’ils posent parfois un risque médico-légal. Avant de prendre part à des activités de promotion de la santé et de défense des intérêts des patientes et patients, lisez ce qui suit.
Les commentaires que vous faites à titre personnel peuvent être scrutés à la loupe
Dans les médias sociaux, il n’y a pas vraiment de ligne de démarcation entre les prises de position personnelles et professionnelles. Même si un commentaire reflète votre point de vue individuel, il peut tout de même apparaître sur le radar des Collèges ou des hôpitaux.
C’est particulièrement vrai si le commentaire en question donne une perception négative de la profession médicale. Par exemple, les médecins qui publient ou republient du contenu considéré comme controversé ou non professionnel – voire qui appuient ce type de contenu par un « J’aime » – peuvent s’attendre à des questions de la part de leur Collège ou de leur hôpital, même si leur intervention ne s’inscrit pas dans un cadre professionnel.
Avant de vous lancer dans des activités de promotion de la santé, vous aurez peut-être besoin d’un consentement
Vous travaillez dans un hôpital ou un autre organisme de santé? Vous aurez peut-être besoin du consentement de votre administration avant de prendre part à des activités de promotion de la santé qui pourraient être perçues comme relevant directement de l’établissement où vous travaillez. Et même si aucun consentement n’est requis, il est préférable de respecter la marche à suivre officielle et d’aviser l’administration que vous comptez prendre part à des activités du genre.
Les commentaires ou les activités que vous vous apprêtez à faire pourraient avoir une incidence sur d’autres personnes (des patients et leur famille ou des collègues, par exemple)? Peut-être serait-il nécessaire ou approprié de discuter de la question avec ces personnes.
À partir du moment où vous vous exprimez publiquement sur un enjeu, vous devriez établir clairement si vous le faites à titre personnel ou au nom d’une tierce partie, comme un hôpital ou un autre organisme de santé.
Si vous travaillez dans un hôpital ou un autre organisme de santé, vous devez peut-être respecter des exigences particulières
Les médecins qui exercent dans des hôpitaux ou d’autres organismes de santé font souvent face à des exigences particulières au moment de défendre les intérêts des patientes et patients ou de préconiser des changements systémiques. Par exemple, pour recommander des changements, ces médecins doivent généralement passer par un comité quelconque ou par la direction de leur département. Il est déjà arrivé que des médecins passent outre aux lignes directrices, aux politiques ou aux règlements régissant les prises de position publiques dans leur hôpital ou leur autorité en matière de santé, ce qui a mené à des désaccords.
De façon générale, il n’est pas recommandé de plaider en faveur de changements systémiques dans un hôpital ou un autre organisme de santé par le truchement de plateformes publiques – soit par les médias sociaux ou les médias traditionnels – sans la permission de l’établissement en question.
Malgré ces défis, les médecins ont un rôle très important à jouer dans l’amélioration et la préservation du système de santé : changements structurels, établissement de priorités, décisions liées à l’attribution des ressources, projets d’amélioration de la qualité, défense de l’équité en santé et initiatives pour améliorer la sécurité des soins, notamment. Quiconque s’adonne à ce type d’activités au sein du système devrait démontrer qu’il a conscience de l’existence d’exigences contradictoires.
Si vous travaillez dans un établissement de santé et que vous voulez prendre position sur un enjeu, pensez à suivre les recommandations suivantes.
- Essayez d’aborder les questions avec transparence, professionnalisme et intégrité. Ces termes peuvent être définis de différentes façons, nous le reconnaissons, mais l’important est de garder ce principe en tête, notamment dans les médias sociaux. Assurez-vous, entre autres choses, de bien choisir vos mots. Et avant de retransmettre une publication, consultez le fil intégral de la conversation et les liens qu’elle contient.
- Passez par les canaux de communication officiels. Par exemple, évitez de commenter des changements systémiques dans les médias sociaux ou traditionnels sans avoir obtenu au préalable la permission de l’établissement où vous travaillez.
- Discutez calmement des problèmes, des suggestions et des recommandations.
- Donnez un point de vue éclairé et sollicitez la perspective des personnes soignées et d’autres prestataires de soins.
- Basez votre argumentaire sur des données probantes.
- Faites preuve d’ouverture aux autres suggestions ou solutions. Quand un consensus se dégage sur un point, tentez d’en tirer parti.
- Sachez reconnaître que les changements que vous jugez nécessaires ne recevront pas l’aval de tout le monde. Et que même si votre idée est bonne, toutes les bonnes idées ne peuvent être mises en application en même temps (en admettant qu’elles le soient).
Prenez connaissance des politiques et ressources organisationnelles de votre Collège
Bon nombre d’associations, fédérations et organisations médicales ont élaboré des programmes, des politiques et des déclarations pour définir le rôle des médecins dans la promotion de la santé. Par exemple, dans son référentiel CanMEDS, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada reconnaît que la promotion de la santé est une compétence clé et une responsabilité des médecins. De son côté, l’Association médicale canadienne propose un programme de formation en techniques de représentation pour les médecins et les personnes étudiant en médecine.
Les Collèges ont également fait des efforts pour clarifier la façon dont les médecins peuvent se prononcer sur un enjeu en toute responsabilité. Par exemple, dans son document Professional Standards and Guidelines Regarding Advocacy and Public Communications by Physicians, le College of Physicians and Surgeons of Nova Scotia dit que lorsque des médecins s’expriment publiquement sur une question donnée, ils doivent s’assurer que tous leurs propos sont fondés sur la science et portent sur des questions liées à leur champ d’exercice. L’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario (OMCO) a quant à lui une politique intitulée Le comportement des médecins dans un contexte professionnel : il y est mentionné que la défense des intérêts des patientes et patients constitue un aspect important du rôle des médecins. Au Québec, cette notion est inscrite au Code de déontologie des médecins du Collège.
Certains Collèges ont également des politiques ou des lignes directrices sur l’utilisation des médias sociaux, lesquelles pourraient s’appliquer aux activités de promotion de la santé menées sur de telles plateformes. Citons entre autres les politiques Médias sociaux de l’OMCO et Social Media: Advice to the Profession du College of Physicians & Surgeons of Alberta.
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