■ Bien-être des médecins :

Gestion du stress et maintien de la santé

L’impact émotionnel des problèmes médico-légaux et des incidents liés à la sécurité des patients

L’ACPM est là pour vous offrir conseils et assistance

Deux médecins à l’air fatigué assis dans une salle d’opération

6 minutes

Publié : août 2012 /
Révisé : juin 2023

Les renseignements présentés dans cet article étaient exacts au moment de la publication

Chez nombre de médecins, les problèmes médico-légaux, comme une poursuite ou une plainte auprès d’un organisme de réglementation de la médecine (Collège), peuvent à juste titre être une source de détresse émotionnelle. C’est tout aussi vrai pour les médecins qui font face à un incident lié à la sécurité des patients. L’ACPM en est consciente : c’est pourquoi elle est en mesure d’offrir à ses membres des conseils éclairés et un soutien efficace ainsi que de cibler les ressources qui les aideront à atténuer leur stress émotionnel.

Comprendre le processus d’une action en justice ou d’une plainte au Collège

Il est souhaitable que les membres se familiarisent avec les ressources de l’ACPM sur le processus de plainte au Collège. La compréhension de ces processus permet en effet de déconstruire certaines idées fausses et de réduire le niveau de stress qui en découle.

Apprenez-en plus sur le processus qui sous-tend les actions en justice et les plaintes au Collège :

Les membres devraient garder à l’esprit que dans une action en justice, la partie demanderesse doit démontrer que le traitement prodigué ne respectait pas la norme de pratique et que cette dérogation est à l’origine du préjudice subi. La loi n’exige pas la perfection des médecins; on estime qu’un traitement respecte la norme de pratique lorsque l’on a fait preuve du niveau de compétence auquel on s’attendrait de la part de collègues prudents dans des circonstances semblables, à formation et expérience équivalentes.

Issues défavorables et incidents liés à la sécurité des patients

La médecine est une profession à vocation sociale. Souvent, un rapport étroit se tisse entre médecins et patients, en particulier dans une relation thérapeutique de longue date. Lorsque des patients déposent une plainte ou intentent une poursuite après avoir connu une issue clinique défavorable, les médecins peuvent se sentir trahis, ressentir de la culpabilité ou avoir des remords. En y repensant, ils peuvent alors souhaiter avoir fait les choses différemment. Une seule issue défavorable peut avoir un effet beaucoup plus grand sur la psyché que des centaines d’issues favorables.

Quand ils font face à des moments difficiles sur le plan professionnel, les médecins ont parfois un sentiment d’isolement. Pour certains d’entre eux, le fait d’avoir peut-être commis une erreur médicale est source de honte et d’humiliation. Le perfectionnisme est répandu chez les médecins : comme un incident lié à la sécurité des patients est souvent perçu comme un échec, il n’est pas rare qu’ils se gardent d’en parler à leurs collègues.

Objectivité

Lorsqu’ils font face à une plainte ou à une poursuite, les médecins peuvent perdre leur objectivité. Le recul apporte toutefois un tout nouvel éclairage sur une situation. Par exemple, un diagnostic peut passer inaperçu ou être posé tardivement en raison de la présentation atypique d’une maladie grave ou de symptômes non spécifiques. Les diagnostics reposent sur une analyse des probabilités, et un diagnostic particulier peut échapper aux médecins les plus avisés. Lorsqu’une poursuite est intentée quelques années plus tard, il arrive que les médecins portent avec le recul un regard indûment sévère sur leurs actions à la lumière de faits dont ils ne disposaient pas à l’époque.

Selon un principe de droit bien établi, les tribunaux ne doivent pas se fonder sur de l’information obtenue a posteriori pour déterminer si les médecins ont fait preuve de négligence ou commis une faute professionnelle. De fait, ils doivent plutôt examiner les actions des médecins en fonction des circonstances qui avaient cours au moment de la négligence ou de la faute professionnelle. Les médecins qui font face à une plainte ou à une poursuite ont tout avantage à bien comprendre le processus judiciaire : ce faisant, ils seront plus à même de remettre les choses en contexte et de les relativiser.

Utilisation de formulations stratégiques

Le langage utilisé dans les déclarations et les requêtes introductives d’instance est généralement froid, dur et critique. Non seulement la compétence des médecins en cause peut être remise en question, mais leur réputation peut également être attaquée. Il importe de se souvenir que ce type de documents ne représente pas un compte rendu impartial ni objectif des événements.

Comprendre les circonstances

Tous les jours, les médecins doivent jongler avec une multitude de priorités et de tâches accaparantes. Citons par exemple la gestion de la pratique, l’actualisation des connaissances médicales, les obligations administratives, l’enseignement et la recherche, obligations auxquelles s’ajoutent évidemment les rencontres avec les patients. En plus de travailler dans des conditions sous-optimales, ils sont parfois confrontés à des pénuries de ressources. En cas d’issue défavorable, il est donc important de connaître les circonstances à l’origine de l’événement et de participer à des évaluations en matière d’amélioration de la qualité dûment structurées.

L’ACPM rappelle aux médecins l’importance de divulguer les incidents préjudiciables aux patients. Les discussions de divulgation peuvent être stressantes, certes, mais quand elles sont menées de façon adéquate, elles permettent aux médecins de satisfaire les besoins informationnels des patients et de divulguer les faits connus.

Reportages dans les médias

Certains dossiers médico-légaux peuvent susciter l’intérêt des médias. Comme les reportages sont souvent fondés sur la requête introductive d’instance, les événements y sont rarement présentés sous l’angle des médecins. Soulignons que pour respecter leur obligation de confidentialité, les médecins doivent éviter de parler aux médias de patients particuliers.

Lorsqu’ils prennent connaissance de nouveaux reportages, les médecins en cause peuvent se demander si leur réputation s’en trouvera détruite ou irrémédiablement entachée. En réalité, l’incidence d’un reportage sur la réputation est généralement beaucoup moins désastreuse que prévu.

Soutien

Certains médecins gardent sous silence leurs problèmes médico-légaux. Pourtant, l’appui d’amis, de membres de la famille et de collègues s’avère souvent bénéfique.

Les médecins ne devraient pas hésiter à solliciter du soutien au besoin. Quand ils discutent du problème avec d’autres, ils doivent toutefois s’abstenir de donner des détails, de se livrer à des conjectures sur la faute ou de jeter le blâme sur qui que ce soit. Les médecins-conseils de l’ACPM sont bien conscients du stress que peuvent engendrer les incidents liés à la sécurité des patients et les difficultés médico-légales; les membres de l’Association ne doivent donc pas hésiter à recourir à leur écoute et à leur soutien s’ils vivent de l’incertitude ou de l’inquiétude. Ils peuvent discuter sans réserve et en toute sécurité de leur situation avec les médecins-conseils de l’ACPM et, s’il y a lieu, avec la ou le juriste assigné à leur cause.

Lorsqu’ils tentent de gérer le stress découlant d’un problème médico-légal ou d’un incident lié à la sécurité des patients, les médecins devraient songer à suivre les conseils qu’ils donneraient à autrui. Par exemple, ils ont avantage à discuter de leurs sentiments avec leur médecin de famille ou tout autre prestataire de soins en qui ils ont confiance. Il faut garder en tête qu’une bonne santé physique et mentale augmente la tolérance au stress, et qu’il est donc important d’en prendre soin.

L’ACPM propose certaines ressources pour favoriser le bien-être des médecins. Ceux-ci peuvent également avoir recours aux services du programme d’aide aux médecins de leur province ou territoire.

Points à retenir...

  • L’ACPM a des ressources pour aider les membres aux prises avec des problèmes médico-légaux.
  • Les membres qui reçoivent l’assistance d’une ou d’un juriste ne doivent pas hésiter à discuter avec cette personne de l’impact émotionnel de l’instance et des aspects légaux de leur dossier.
  • Le soutien de collègues, d’amis et de membres de la famille est bénéfique. Toutefois, les membres doivent éviter de divulguer les détails cliniques du cas.
  • Les membres peuvent également songer à obtenir une aide médicale, notamment en consultant leur propre médecin.

AVIS : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins générales. Ils ne constituent pas des conseils professionnels spécifiques de nature médicale ou juridique, et n’ont pas pour objet d’établir une « norme de pratique » à l’intention des personnes exerçant une profession de la santé au Canada. L’emploi que vous faites des ressources éducatives de l’ACPM est visé par ce qui précède et l’avis de non-responsabilité de l’ACPM dans son intégralité, « Contrat d’utilisation de l’ACPM ».