■ Sécurité des soins :

Amélioration de la sécurité des patients et réduction des risques

Médias sociaux : profiter des occasions, tout en évitant les risques

Conseils pour les médecins qui utilisent les médias sociaux à titre personnel ou professionnel

Une jeune médecin consultant son téléphone cellulaire

10 minutes

Publié : octobre 2014 /
Révisé : mai 2022

Les renseignements présentés dans cet article étaient exacts au moment de la publication

Les médias sociaux offrent à la profession médicale des occasions novatrices de transmettre de l’information. Ils s’accompagnent toutefois de risques. En effet, les renseignements ainsi disséminés en ligne pourraient constituer une atteinte à la vie privée, propager de la désinformation, brouiller les cartes entre les activités professionnelles et privées ou encore nuire à la réputation d’autrui. Les médecins doivent donc reconnaître les conséquences de l’usage des médias sociaux, et songer à la façon d’atténuer tout risque possible.

Apprentissage et échange

Les apprenants, les facultés de médecine et les associations et fédérations médicales misent sur de nombreuses plateformes de médias sociaux pour parfaire la formation qui est offerte. Les étudiants recherchent des occasions d’échanger et d’apprendre au-delà du cadre d’enseignement structuré; ils ont donc souvent recours aux médias sociaux pour capter et communiquer des apprentissages cliniques.

Toutefois, tant les étudiants que les professeurs ont l’obligation de protéger la confidentialité des renseignements sur les patients; ils doivent aussi s’abstenir de transmettre dans les médias sociaux des exemples de cas cliniques où des patients pourraient être identifiés, sauf si ces patients y ont consenti. Ce principe s’applique, peu importe si les paramètres de confidentialité de la plateforme utilisée sont réglés en mode public ou privé. Les médecins ne doivent pas perdre de vue que si des patients peuvent être reconnus dans un exemple de cas publié en ligne, même s'ils ne sont pas identifiés expressément, cela pourrait constituer une violation du droit de ces patients à la confidentialité.1 Il est bien établi que des exemples de cas génériques ou d’autres documents d’apprentissage ne contenant pas de renseignements révélant l’identité des patients concernés peuvent aider les étudiants à apprendre.

Utilisation des médias sociaux par les patients

Les patients prennent de plus en plus activement part à la formation des médecins. Ils peuvent y contribuer en communiquant leurs points de vue avec les médecins par l’intermédiaire des médias sociaux. Il est crucial d’assurer la protection de la confidentialité dans ce type d’interactions avec les patients.2

Les patients utilisent également les médias sociaux pour se renseigner sur des sujets associés à la santé. D’autres se joignent à des groupes de patients échangeant de l’information en ligne avec des personnes vivant des situations de santé semblables. Avides d’information, de choix de traitement et d’espoir, les patients acquièrent des connaissances pouvant être erronées ou inappropriées pour leur état médical.

Certains patients voudront communiquer leurs expériences à d’autres au moyen des médias sociaux; ils pourraient donc souhaiter photographier ou enregistrer l’intervention ou la rencontre avec leur médecin. Les médecins devront envisager la façon de gérer ces situations en prenant en compte la grande portée des médias sociaux et les conséquences qui peuvent en découler. Les médecins pourraient vouloir demander aux patients la raison pour laquelle ceux-ci souhaitent communiquer leurs expériences médicales dans les médias sociaux, et envisager de discuter avec eux de possibles solutions de rechange mieux adaptées. Les médecins qui consentent à participer à ce type d’initiatives de la part de leurs patients doivent consigner clairement leurs discussions avec ceux-ci à ce sujet dans le dossier médical de chacun d’eux. Dans la mesure du possible, une copie des photographies ou de l’enregistrement devrait être versée dans le dossier médical. Les médecins qui refusent d’y participer devraient expliquer aux patients les raisons motivant leur décision. Si le patient ou la patiente persiste à vouloir enregistrer la consultation pour la publier dans les médias sociaux (ou pour toute autre raison), les médecins devront décider à leur discrétion de mettre ou non terme au rendez-vous.

La plupart des hôpitaux et des établissements ont des politiques concernant l’usage de photographies ou de vidéos lors d’entretiens entre les médecins et les patients.

Utilisation des médias sociaux par les professionnels

Les médecins reconnaissent depuis longtemps l’importance d’adopter un comportement professionnel dans toutes les facettes des soins ainsi que dans leur vie privée. Ce professionnalisme est tout autant de mise dans les médias sociaux, où les attentes de la société envers les médecins demeurent les mêmes que dans la vie courante.

Les conséquences d’un manque de professionnalisme dans les médias sociaux sont souvent plus importantes en raison de la portée et du caractère permanent de ces derniers. En effet, il est très difficile de se rétracter une fois qu’une publication ou un commentaire est affiché ou enregistré.

Parfois, le contenu des médias sociaux laisse une fausse impression de détachement. Pour cette raison, certains usagers répondent ou agissent d’une façon qui pourrait être jugée inappropriée si la rencontre avait lieu en personne. Voilà pourquoi les médecins doivent toujours se demander :

  • Répondrais-je ainsi si la personne ou le groupe se trouvait dans mon bureau ou si j’avais un contact direct?
  • Cette réponse reflète-t-elle ma façon habituelle de communiquer?
  • Penserais-je la même chose demain, dans deux mois ou dans un an?
  • Ma réponse reflète-t-elle mes obligations professionnelles?

Les médecins doivent savoir qu’un certain nombre de Collèges au Canada ont établi, pour les médecins qui utilisent les médias sociaux, des attentes en matière de communications professionnelles et respectueuses. La diffamation – c’est-à-dire de fausses déclarations pouvant porter atteinte à la réputation d’une personne ou d’un organisme – entraîne les mêmes conséquences, qu’elle soit commise en ligne ou dans des médias traditionnels. L’ACPM prêtera généralement assistance aux membres dans le cadre de plaintes auprès des Collèges qui sont liées à l’exercice professionnel de la médecine. Toutefois, cette assistance ne s’étend généralement pas aux problèmes d’ordre principalement commercial ou personnel.

Connaître les obligations

Les médecins doivent protéger les renseignements personnels sur la santé de leurs patients, y compris dans les médias sociaux. Lorsqu’ils utilisent les médias sociaux, les médecins doivent toujours garder à l’esprit les mesures de sécurité et les interventions à mettre en œuvre pour éviter ces atteintes à la vie privée. Parmi ces mesures et interventions, on trouve l’utilisation des réglages appropriés en ce qui a trait à la confidentialité et à la protection de la vie privée pour éviter de communiquer des renseignements sur la santé des patients.

Une information erronée ou inexacte peut se propager rapidement et à grande échelle dans les médias sociaux. Cela représente un risque pour les patients, mais aussi pour leurs médecins. Imaginez que vous avez une discussion avec un patient au sujet d’un traitement recommandé qui a été dépeint comme étant dangereux dans les médias sociaux. Le patient pourrait avoir des craintes et refuser un traitement en se fondant sur des informations erronées.

Les médecins sont bien placés pour corriger la désinformation auprès des patients. Bien qu’ils n’aient pas l’obligation de surveiller tout ce qui se dit dans les médias sociaux, ils peuvent participer aux échanges tout en ayant pour objectif de fournir de l’information factuelle qui pourrait servir à d’autres. Par contre, quand il s’agit de leur propre plateforme de médias sociaux, il est important qu’ils surveillent ce qui s’y dit et soient en mesure de corriger l’information ou d’intervenir au besoin.

Miser sur les médias sociaux

Les médias sociaux peuvent jouer un rôle dans la santé publique en permettant aux médecins de :

  • joindre un grand nombre de professionnels pour échanger sur des questions de santé publique et des orientations stratégiques;
  • communiquer avec des professionnels à l’échelle nationale et internationale pour promouvoir la recherche, des traitements et des modalités de soins;
  • diffuser en temps opportun des renseignements en matière de santé pour faire bouger les choses;
  • aviser leur collectivité de l’apparition d’éclosions, du lieu des centres de vaccination ainsi que des mesures à prendre pour réduire l’exposition aux maladies contagieuses.

Les médecins qui ont recours à des blogues ou à d’autres sites de médias sociaux pour échanger sur des questions en matière de santé doivent envisager de replacer l’information fournie dans son contexte canadien. Cette démarche contribuera à mitiger les risques que des personnes ne résidant pas au Canada suivent des conseils qui pourraient ne pas être appropriés ou pertinents.

La publication d’information sur des blogues ou autres plateformes de médias sociaux pourrait donner lieu à une action en justice à l’extérieur du Canada. De façon générale, lorsqu’une action en justice est intentée à l’extérieur du Canada, l’ACPM n’offrira aucune assistance aux membres si des problèmes médico-légaux surviennent à la suite de la publication de renseignements ciblant un auditoire de non-médecins.

Considérer le niveau de participation

Que les médecins choisissent ou non de participer à des échanges dans les médias sociaux, ils ne peuvent en ignorer les conséquences.

Participer aux médias sociaux – à titre personnel

  • Reconnaissez qu’il est souvent difficile de délimiter votre vie personnelle et professionnelle dans les médias sociaux, mais que vous voudrez les séparer le plus possible.
  • Agissez dans les médias sociaux comme vous le feriez dans votre vie personnelle et professionnelle. La compassion, le respect et l’intégrité sont tous des vertus qui ont leur place dans les médias sociaux.
  • Évitez les amitiés virtuelles avec les patients, car il peut ensuite être difficile de séparer les activités professionnelles des activités personnelles. Rappelez-vous que les limites professionnelles s’appliquent dans les médias sociaux, tout comme dans les consultations en personne.
  • Reconnaissez que, peu importe les réglages de protection des renseignements personnels, presque tout ce qui se retrouve dans les médias sociaux est généralement accessible.
  • Reconnaissez le caractère permanent de ce qui est communiqué dans les médias sociaux ainsi que la difficulté de se rétracter ou d’enlever des éléments du contenu publié.
  • Consultez et respectez les lignes directrices du Collège de votre province ou territoire en matière d’utilisation des médias sociaux.

Participer aux médias sociaux – à titre professionnel

  • Évaluez et déterminez quels sites de médias sociaux vous permettront d'atteindre vos objectifs.
  • Établissez des lignes directrices sur l’usage des médias sociaux, y compris vos attentes envers votre personnel. Faites connaître ces lignes directrices à vos patients et collègues ainsi qu’aux autres professionnels de la santé.
  • Déterminez si vous êtes la seule personne à contribuer de l’information ou si d’autres participeront à vos activités dans les médias sociaux. Établissez des protocoles pour les mots de passe et modifiez ces derniers souvent pour éviter l’usurpation de votre identité dans les médias sociaux.
  • Reconnaissez que vos activités dans les médias sociaux constituent un prolongement de vos activités professionnelles.
  • Instaurez des mesures visant à préserver la confidentialité des renseignements personnels sur la santé des patients, sauf si les patients en question ont consenti à les communiquer.
  • Respectez des limites professionnelles appropriées et assurez-vous que les renseignements médicaux publiés ne puissent aucunement laisser l’impression que vous cherchez à établir une relation thérapeutique avec des internautes. L’information doit demeurer d'intérêt général et être axée sur de grands enjeux (p. ex. la vaccination).
  • Les médias se servent souvent des médias sociaux pour identifier des leaders d’opinion ou des experts à l’égard de thèmes particuliers – il serait utile de déterminer à l’avance vos intérêts, votre état de préparation ainsi que votre disponibilité pour des entrevues.
  • Reconnaissez le caractère permanent de ce qui est communiqué dans les médias sociaux ainsi que la difficulté de se rétracter ou d’enlever des éléments du contenu publié.
  • Surveillez ce qui se dit dans votre site de médias sociaux et préparez-vous à corriger ou à intervenir au moment approprié.
  • Consultez et respectez les politiques et lignes directrices du Collège de votre province ou territoire concernant l’utilisation des médias sociaux.

Si vous n’utilisez pas les médias sociaux, vous devriez :

  • en apprendre suffisamment sur le sujet pour en comprendre les conséquences pour vos patients et collègues ainsi que pour les autres membres de l’équipe soignante;
  • reconnaître que même si vous n’y participez pas, ce que vous dites ou faites peut quand même se retrouver en ligne;
  • élaborer une politique en matière de médias sociaux pour votre pratique et la communiquer à votre personnel et à vos patients; le fait de souligner à votre personnel et à vos patients que vous n’y participez pas pourrait contribuer à gérer leurs attentes;
  • déterminer s’il est nécessaire de surveiller ce qui se dit en ligne sur vous ou votre pratique.

En bref

  • Consultez et respectez les lignes directrices du Collège de votre province ou territoire en matière d’utilisation des médias sociaux. N’oubliez pas que la diffamation et l’atteinte à la réputation entraînent les mêmes conséquences, qu'elles soient commises en ligne ou dans des médias traditionnels.
  • La confidentialité et la sécurité des renseignements personnels sur la santé revêtent une importance primordiale. Assurez-vous de toujours mettre en œuvre des mesures et des processus adéquats en matière de sécurité afin d’éviter les atteintes à la vie privée.
  • Respectez des limites professionnelles appropriées. N’oubliez pas que lorsque vous utilisez les médias sociaux, les mêmes attentes s’appliquent en matière de comportement que celles auxquelles les médecins sont assujettis en milieu de travail physique ou virtuel.

Références

  1. College of Physicians and Surgeons of British Columbia, Privacy Toolkit, 2022. Consulté le 25 février 2022. Accessible : https://www.cpsbc.ca/registrants/standards-guidelines/privacy-toolkit
  2. Giroux CM and Moreau KA, “Leveraging social media for medical education: Learning from patients in online spaces,” Medical Teach, June 18 2020. Consulté le 25 février 2022. Accessible : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32552288/

AVIS : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins générales. Ils ne constituent pas des conseils professionnels spécifiques de nature médicale ou juridique, et n’ont pas pour objet d’établir une « norme de pratique » à l’intention des personnes exerçant une profession de la santé au Canada. L’emploi que vous faites des ressources éducatives de l’ACPM est visé par ce qui précède et l’avis de non-responsabilité de l’ACPM dans son intégralité, « Contrat d’utilisation de l’ACPM ».