■ Sécurité des soins :

Amélioration de la sécurité des patients et réduction des risques

Quand les soins prodigués deviennent les propos de textos : stratégies pour atténuer les risques

8 minutes

Publié : juin 2019 /
Révisé : mai 2024

Les renseignements présentés dans cet article étaient exacts au moment de la publication

En bref

  • Bien que pratique et rapide, l’envoi par textos de renseignements personnels sur la santé entre prestataires de soins présente un risque médico-légal pour les médecins, car le contenu de ces messages pourrait être divulgué comme preuve dans le cadre de procédures judiciaires ou réglementaires (actions au civil, plaintes aux Collèges ou plaintes intrahospitalières). 1
  • Les médecins devraient connaître les exigences de leur Collège en matière de protection des renseignements personnels sur la santé.
  • Les équipes soignantes peuvent mettre en place des stratégies visant à préserver la confidentialité des renseignements sur la personne traitée, soutenir une bonne communication et contribuer à prévenir des perceptions négatives.

Vie privée et confidentialité

La législation sur la protection des renseignements personnels exige que les médecins protègent ces données du vol, de la perte et des divulgations ou usages non autorisés. Ces exigences s’appliquent aux textos et aux autres voies de communication électronique.

Texter des renseignements sur la santé permettant d’identifier une personne traitée pourrait constituer une atteinte à la vie privée. Selon la province ou le territoire où vous exercez, il pourrait être nécessaire de signaler ce genre d’atteinte aux personnes concernées (c.-à-d. sous vos soins) au Commissariat à la protection de la vie privée, à l’organisme de réglementation de la médecine (Collège), sinon à tous.

Votre portable n’est pas chiffré ou le Wi-Fi ainsi que le réseau sans fil ne sont pas sécurisés.

  • Prenez connaissance des exigences de votre Collège en matière de protection des renseignements personnels sur la santé. En Ontario, par exemple, les médecins doivent utiliser des voies de communication électronique chiffrées pour transmettre des renseignements personnels sur la santé à d’autres prestataires de soins, sauf en cas d’urgence ou d’autres circonstances nécessitant l’utilisation de canaux non chiffrées.
  • Envisagez d’autres moyens de communication sécurisés tels que des applications de messagerie instantanée qui chiffrent le transfert des données. Votre hôpital ou autorité en matière de santé peut vous conseiller sur les applications approuvées dans votre établissement.
  • Vous pouvez aussi omettre tout renseignement permettant d’identifier une personne traitée ou encore avoir recours aux textos uniquement pour des tâches habituelles telles que fixer un rendez-vous ou demander que l’on vous rappelle.

Un message est envoyé à de multiples destinataires, y compris des personnes à l’extérieur du cercle de soins.

  • Si vous envoyez des textos à un groupe, assurez-vous que les destinataires ont besoin de connaître cette information (c.-à-d. ces personnes font-elles partie du cercle de soins?).

Un message est envoyé à la mauvaise personne.

  • Utilisez votre liste de contacts pour envoyer un nouveau message (pour éviter ainsi de saisir chaque fois les renseignements des destinataires).
  • Si vous découvrez que vous avez transmis par inadvertance un message contenant des renseignements personnels à la mauvaise personne, avisez-la de l’erreur et demandez-lui d’effacer le message.

Les membres du personnel de votre cabinet se servent de leur portable personnel pour vous communiquer des renseignements concernant les personnes sous vos soins.

  • Élaborez des politiques et formez votre personnel sur les exigences en matière de protection des renseignements personnels, y compris l’interdiction d’utiliser des appareils personnels pour communiquer des renseignements sur les personnes traitées.
  • Demandez aux membres de votre personnel de signer une entente de confidentialité qui stipule leurs responsabilités quant à la protection des renseignements personnels sur la santé.

Votre portable est perdu ou volé.

  • Veillez à ce que l’accès à votre portable soit protégé à l’aide d’un mot de passe.
  • Ayez recours au chiffrement pour votre portable.
  • Communiquez avec l’ACPM pour obtenir des conseils sur vos obligations en matière de déclaration de toute atteinte à la vie privée.

Clarté de la communication

Les textos peuvent présenter des défis quant à la clarté de la communication. De plus, le contenu de ces messages pourrait être divulgué comme preuve dans le cadre de procédures civiles, au Collège ou hospitalières. Comme dans les dossiers médicaux, les Collèges s’attendent à ce que la communication par message texte et autres canaux électroniques soit claire et professionnelle.

Un texto contient des abréviations et un langage cryptique imprécis, ce qui accroît le risque d’une mauvaise communication.

  • Évitez d’utiliser les textos pour des sujets complexes exigeant de longues explications.
  • Écrivez les mots au long, en évitant les acronymes et les sigles, exception faite des plus courants.

L’autocorrecteur a changé la graphie des mots et vous ne l’avez pas remarqué.

  • Lisez le message attentivement et faites toute correction nécessaire avant d’appuyer sur « Envoyer ».
  • Si possible, désactivez la fonction d’autocorrection.

Vous transmettez par texto une opinion professionnelle sur un cas clinique, peut-être pour éviter de le faire dans un rapport de consultation.

  • Traitez les textos de la même façon dont vous gérez une consultation de corridor, un rapport écrit officiel ou une consultation par téléphone ou courriel.
  • Consignez au dossier les conseils que vous donnez par texto comme vous le feriez normalement.
  • Continuez d’utiliser les rapports de consultation au besoin, ce qui facilite la consignation de vos conseils au dossier.

Vous n’avez pas reçu de réponse à votre question.

  • Ne présumez pas que la ou le destinataire a reçu votre message, l’a lu ou a le temps d’y répondre.
  • Envisagez de faire le suivi verbalement quand il s’agit de questions urgentes.
  • Après avoir reçu et lu un texto, communiquez efficacement avec les membres de l’équipe en assurant le suivi : accusez réception et précisez toute mesure requise.

Vous donnez une opinion professionnelle, mais vous ne connaissez pas la personne traitée ni son histoire clinique.

  • Tenez pour acquis que le contenu du message texté est un rapport de consultation. Au besoin, demandez des clarifications et plus de détails, et suggérez d’en discuter au téléphone ou en personne.
  • Lorsque vous émettez des commentaires ou opinions cliniques en sachant que d’autres personnes s’y fieront probablement pour prendre des décisions concernant les soins à prodiguer, il se pourrait que vous ayez un devoir de diligence envers la personne soignée − même si vous n’avez jamais vu cette dernière.

Vous ne savez pas où consigner les conseils que vous avez donnés.

  • Si vous le pouvez, saisissez tout le contenu des textos pertinents (p. ex. en ayant recours à l’outil de capture d’écran), puis copiez-le dans le dossier médical.
  • Si ce n’est pas possible, résumez les communications par textos et consignez ce résumé dans le dossier médical. Certains hôpitaux pourraient avoir des politiques ou des protocoles concernant la tenue des dossiers dans de telles circonstances.

Perceptions du professionnalisme

En général, les textos sont rédigés dans un style de communication décontracté, ce qui peut donner l’impression de ne pas être professionnel. De plus, la ou le médecin qui se laisse distraire par des textos risque de compromettre ses interactions avec des personnes traitées ou d’autres prestataires de soins.

Vous avez tendance à vous rabattre sur un style de rédaction décontracté et non structuré.

  • Évitez un langage inapproprié ou un ton qui pourrait vous être reproché sur le plan professionnel.

Un texto comprend des renseignements de nature délicate (p. ex. des questions au sujet de la sexualité ou de la santé mentale, des résultats d’examens alarmants).

  • Il est possible que certains sujets ne puissent être discutés par textos, même si les protocoles de sécurité de l’information sont suivis. Suggérez à la personne qu’il serait préférable de parler de la question, par téléphone ou en personne.

Vous recevez un texto alors que vous avez un entretien avec une personne traitée ou une ou un collègue.

  • À moins que le texto ne soit de nature urgente, évitez de regarder votre portable pour y lire le message; retournez aux textos lorsque votre emploi du temps vous le permettra.

Suggestions de lecture


Remarque

  1. Les textos et le textage réfèrent à la rédaction et à la transmission de messages électroniques à l’aide d’un téléphone intelligent, d’une tablette ou d’un ordinateur. Il s’agit d’un service d’envoi de messages courts (SMS) associé à un réseau sans fil ou fonctionnant à l’aide d’une application de messagerie instantanée liée à Internet.

AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins éducatives. Ils ne constituent pas des conseils professionnels spécifiques de nature médicale ou juridique, et n’ont pas pour objet d’établir une « norme de pratique » à l’intention des personnes exerçant une profession médicale au Canada. L’emploi des ressources éducatives de l’ACPM est sujet à ce qui précède et à la totalité du Contrat d’utilisation de l’ACPM.