■ Médecin – patient :

Communiquer de façon efficace avec les patients dans le but d’optimiser les soins

Communication axée sur le patient

Une femme médecin engagée et souriante parle à sa patiente âgée tout en tenant un ordinateur tablette.
Publié : mars 2021
19 minutes

Introduction

Une communication axée sur le patient consiste à établir avec le patient une relation où il y a une compréhension mutuelle de la manière dont l’avis du médecin et les soins proposés répondent aux attentes, aux intérêts et aux besoins du patient et ce, de son point de vue.

  • L’évolution démographique, la diversité des cultures, les barrières linguistiques, les patients plus engagés et mieux informés, les intérêts divergents, la complexité des équipes de soins et la rareté des médecins ne sont que quelques-uns des facteurs qui peuvent s’additionner pour poser des défis en matière de communication.
  • Une bonne communication aide le patient à comprendre le plan thérapeutique et à y adhérer, favorisant ainsi les soins sécuritaires. 

Une bonne communication :

  • établit un partenariat efficace avec le patient;
  • favorise la compréhension par le patient;
  • augmente la satisfaction du patient;
  • améliore l’adhésion du patient au plan thérapeutique;
  • diminue le risque d’événements indésirables;
  • augmente la satisfaction du médecin au travail;
  • diminue le risque de plaintes à l’organisme de réglementation de la médecine (Collège) ainsi que de poursuites;
  • n’augmente pas nécessairement de façon importante le temps consacré à chaque consultation. 1-4

Conseils en matière de bonnes pratiques

Les médecins estiment que pas moins de 15 % des consultations sont difficiles. Le patient et le médecin peuvent tous deux contribuer à rendre une interaction difficile.

Colère

La colère est une émotion secondaire. La colère d’un patient peut refléter sa peur du diagnostic. Elle peut aussi être une réaction à une situation particulière comme une longue attente, une expérience négative antérieure avec le système de santé, l’incapacité à voir un consultant sans délai, ou le sentiment de ne pas être écouté ou respecté. Le médecin peut augmenter la probabilité d’une consultation fructueuse en prenant le temps de chercher la cause de la colère et en essayant de l’aborder.

Le médecin peut lui aussi être en colère et sur la défensive, en particulier s’il se sent stressé ou même épuisé par des situations qu’il ne contrôle pas. Être conscient de ses émotions permet de prendre du recul, de réfléchir et de prendre des mesures pour restaurer son équilibre. En apprendre plus sur le bien-être des médecins.

Manipulation

Le médecin peut parfois avoir l’impression d’être manipulé. La manipulation peut constituer un défi, et amener le médecin à céder et à prodiguer des soins considérés après coup comme étant discutables. Dans de telles circonstances, le fait de réfléchir à ses propres émotions issues de l’interaction constitue une bonne première étape pour comprendre la nature du problème. Il est utile d’essayer de comprendre si les attentes du patient sont raisonnables, et de reconnaître qu’il peut être approprié de rester ferme et de refuser une demande. Offrir d’obtenir une deuxième opinion peut aider à renforcer les limites thérapeutiques appropriées.

Attitude

L’attitude du patient et celle du médecin peuvent affecter une consultation dès son tout début. Le fait d’être conscient de ses propres biais, déclencheurs émotionnels et croyances fermes peut aider à gérer les conflits de personnalité. Une prise de décision partagée exige un désir sincère d’aider le patient à communiquer ses besoins en fonction de ses désirs et de ses croyances. Une position dogmatique et un paternalisme de la part du médecin peuvent être perçus comme de l’arrogance et faire obstacle à la capacité du patient à fournir des renseignements importants.

Facteurs liés au temps et à l’urgence

Les professionnels de la santé sont souvent pressés par le temps. Il arrive fréquemment qu’un patient soit incapable de faire part de ses signes, symptômes ou préoccupations de manière concise, et la communication axée sur le patient peut devoir être ajustée en fonction des besoins individuels. Il peut sembler nécessaire d’interrompre rapidement le patient pour maîtriser le déroulement de la consultation, et il peut être facile de prendre des raccourcis et de devenir complaisant, notamment en fin de journée. Même si elles peuvent sembler accélérer les interactions, les interruptions sont susceptibles de nuire à la qualité de la relation médecin-patient.

Laisser volontairement le patient s’exprimer sans interruption pendant quelques minutes au début d’une consultation peut contribuer à créer un climat de coopération et d’engagement qui pourrait ne pas s’établir avec des interruptions précoces. Des études ont montré que la plupart des patients complètent leur récit en moins de 90 secondes, de sorte que le médecin ne devrait pas craindre de manquer de temps en laissant le patient s’exprimer librement. 7,8,9

Somatisation

La somatisation existe quand la détresse psychologique ou émotionnelle se manifeste sous forme de symptômes physiques sans cause médicale sous-jacente. Un patient qui somatise peut chercher à obtenir des soins de plusieurs médecins et peut se sentir incompris. Il peut avoir subi de nombreuses investigations dans le but de trouver une cause organique pour ses symptômes, qui peuvent plutôt avoir comme cause de l’anxiété, une dépression, ou un autre trouble de santé mentale. Il est important d’identifier et gérer les diagnostics psychiatriques et de résister à l’envie de prescrire d’autres examens, à moins que ceux-ci ne soient cliniquement indiqués. En revoyant attentivement les soins prodigués dans le passé, il importe de demeurer conscient du risque de biais cognitifs et affectifs. Ceux-ci peuvent entraver le raisonnement et la prise de décision, ce qui se traduit parfois par un jugement inexact et une incapacité à établir un diagnostic correct. Une attention spéciale au suivi peut contribuer à rassurer le patient, à apaiser ses craintes, et à permettre au médecin d’identifier tout changement inquiétant des symptômes.

Recherche d’opioïdes

La prise en charge d’un patient traité aux opioïdes à forte dose ou à long terme pour une douleur chronique non cancéreuse peut être complexe. Cette situation exige une démarche stratégique, axée sur le patient, qui fait intervenir des lignes directrices, des outils validés, des ressources provinciales et territoriales, de même que le soutien d’une équipe pluridisciplinaire. Des lignes directrices cliniques telles que les Recommandations canadiennes sur l’utilisation des opioïdes pour le traitement de la douleur chronique non cancéreuse 10 favorisent la prescription d’opioïdes de manière adéquate pour réduire les préjudices qui leur sont associés. Les Collèges offrent aussi des conseils et des directives. L’outil Opioid Manager de l’Université McMaster peut également être utile lors des consultations. 11

Fatigue

Il est démontré que la fatigue du patient et celle du médecin ont des répercussions sur la sécurité du patient. 12 Le médecin peut prendre soin de sa santé en fixant des limites, en évitant de se surcharger, de même qu’en prenant le temps d’avoir des activités personnelles et familiales agréables. Une bonne alimentation et de bonnes habitudes de sommeil sont importantes. Le médecin qui prend soin de sa santé favorise de saines interactions avec ses patients.

Cacher la section

Communication axée sur le patient – Liste de vérification

Une communication axée sur le patient est cruciale pour la qualité des soins


Références

  1. Stewart MA. Effective physician-patient communication and health outcomes: a review. CMAJ. 1995;152(9):1423-33.
  2. Bull SA, Hu XH, Hunkeler EM, et coll. Discontinuation of Use and Switching of Antidepressants: Influence of Patient-Physician Communication. JAMA [En ligne]. 2002;288(11):1403-09. Disponible : https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/195304 doi : 10.1001/jama.288.11.1403
  3. Levinson W. Doctor-patient communication and medical malpractice: implications for pediatricians. Pediatr Ann. [En ligne].1997;26(3):186-93. Disponible : https://doi.org/10.3928/0090-4481-19970301-10
  4. Sutcliffe KM, Lewton E, Rosenthal MM. Communication Failures: An Insidious Contributor to Medical Mishaps. Acad Med [En ligne]. 2004;79:186-94. Disponible : https://journals.lww.com/academicmedicine/Fulltext/2004/02000/Communication_Failures__An_Insidious_Contributor.19.aspx
  5. Delbanco T, Gerteis M A patient-centered view of the clinician-patient relationship [cité en février 2020]. Disponible : https://www.uptodate.com/contents/a-patient-centered-view-of-the-clinician-patient-relationship
  6. Parker RM, Ratzan S, Selden CR, Zorn M. Current Bibliographies in Medicine: Health Literacy. U.S Department of Health and Human Services, National Library of Medicine; 2000.
  7. Mauksch L. Questioning a taboo: physicians’ interruptions during interactions with patients. JAMA. 14 mars 2017;317(10):1021-22.
  8. Langewitz W, et coll. Spontaneous talking time at start of consultation in outpatient clinic: cohort study. BMJ. 2002;325(7366):682-3.
  9. Singh Ospina N, et coll. Eliciting the Patient's Agenda - Secondary Analysis of Recorded Clinical Encounters. J Gen Intern Med. Jan 2019;34(1):36-40
  10. Busse JW, Craigie S, Juurlink DN, et coll. Guideline for opioid therapy and chronic noncancer pain. CMAJ. 8 mai 2017;189(18):E659-66.
  11. Pour télécharger l’outil Opioid Manager, consulter la page du National Pain Centre [En ligne]. Hamilton (CA): Université McMaster, Résolution des conflits. Disponible : https://fhs.mcmaster.ca/npc/opioidmanager/
  12. Gates M, et coll. Impact of fatigue and insufficient sleep on physician and patient outcomes: a systematic review. BMJ Open [En ligne]. 21 sept. 2018;8(9):e021967. Disponible : doi:10.1136/bmjopen-2018-021967.
  13. Le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada [En ligne]. Ottawa (CA): CRMCC; 2019. Résolution des conflits. Disponible : https://www.royalcollege.ca/rcsite/bioethics/primers/conflict-resolution-f
  14. Fondé sur une analyse des dossiers conclus de l’ACPM de plaintes aux organismes de réglementation (Collèges) sur une période de 10 ans (2007-2016), après avoir écarté les dossiers traitant de problèmes disciplinaires ou concernant l’aptitude à exercer.
  15. Levinson W, Roter DL, Mullooly JP, Dull V, Frankel RM. Physician-patient communication: the relationship with malpractice claims among primary care physicians and surgeons. JAMA [En ligne]. 1997 [cité le 30 nov. 2017];277(7):553-559.
  16. Le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Guide des outils d’enseignement et d’évaluation CanMEDS. 2015. Disponible : https://www.royalcollege.ca/rcsite/canmeds/canmeds-faculty-development-resources-f
  17. Ambady N, et coll. Surgeons’ tone of voice: a clue to malpractice history. Surgery. 2002;132(1):5–9.
CanMEDS : Communicateur, Professionnel

AVIS : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins générales. Ils ne constituent pas des conseils professionnels spécifiques de nature médicale ou juridique, et n’ont pas pour objet d’établir une « norme de pratique » à l’intention des personnes exerçant une profession de la santé au Canada. L’emploi que vous faites des ressources éducatives de l’ACPM est visé par ce qui précède et l’avis de non-responsabilité de l’ACPM dans son intégralité, « Contrat d’utilisation de l’ACPM ».