■ Sécurité des soins :

Amélioration de la sécurité des patients et réduction des risques

Que faire lorsque les patient·es ne suivent pas les conseils de leur médecin? Gérer la non-adhésion

4 minutes

Publié : décembre 2013 /
Révisé : novembre 2024

Les renseignements présentés dans cet article étaient exacts au moment de la publication

En bref

  • Ayez une discussion franche et claire avec vos patient·es sur l’importance du plan de traitement ou des changements de style de vie, et sur la meilleure façon de mettre en œuvre la démarche recommandée. Explorez les craintes ou les préoccupations de vos patient·es qui pourraient constituer un obstacle au plan de traitement.
  • Servez-vous de divers moyens de communication pour mieux faire comprendre les enjeux à vos patient·es et favoriser des soins centrés sur la personne traitée.
  • Utilisez des systèmes avec une fonction de rappel qui vous aideraient à identifier les patient·es qui manquent souvent leurs rendez-vous ou qui les annulent, ou qui ne donnent pas suite aux examens diagnostiques ni aux demandes de consultation.
  • Consignez au dossier le plan de traitement et la discussion entourant le consentement. Si vous recommandez une intervention chirurgicale ou un autre traitement significatif et que la personne soignée refuse, consignez ce refus au dossier.

Les rendez-vous manqués, le non-respect des demandes de consultation, les examens non subis, les ordonnances non remplies et l’arrêt des médicaments sont des formes de non-adhésion.

Plusieurs raisons permettent d’expliquer la non-adhésion aux conseils des médecins. Le changement peut être difficile pour des patient·es en raison de leurs autres obligations, ou de leur manque d’engagement, d’intérêt ou de compréhension. Pour d’autres, certains traitements sont inabordables compte tenu de leur situation socioéconomique ou de conditions de vie difficiles. Les questions de langue, de culture et d’alphabétisation entrent aussi parfois en jeu.

Il importe que les médecins consignent au dossier le plan de traitement et la discussion entourant le consentement. Le dossier médical devrait démontrer que la personne soignée a été informée des avantages d’adhérer aux conseils et qu’elle a bien compris l’information reçue. S’il s’agit d’une intervention chirurgicale ou d’un autre traitement significatif, le dossier devrait indiquer que la personne soignée a été informée des risques de ne pas y adhérer. En cas de plainte auprès d’un Collège ou d’action en justice mettant en cause la non-adhésion, un dossier bien tenu permettra à la ou au médecin de prouver que la personne soignée a été informée de l’approche recommandée.

Étude de cas : non-adhésion à des demandes de consultation

Une patiente, ayant récemment passé une épreuve d’effort dont les résultats se sont révélés négatifs, se présente à l’urgence en raison d’une douleur thoracique rétrosternale apparue après un repas copieux bien arrosé.

L’électrocardiogramme révèle des altérations non spécifiques, et le résultat d’un seul dosage des enzymes cardiaques est négatif. Un diagnostic d’œsophagite peptique est posé, et la patiente reçoit son congé.

Le lendemain, la patiente revoit son médecin de famille. Elle dit avoir une douleur rétrosternale intermittente lorsqu’elle mange. Le médecin pose un diagnostic de reflux gastro-œsophagien et recommande une consultation urgente en cardiologie et en gastroentérologie, mais la patiente refuse. Il ne consigne pas au dossier la discussion ni les raisons du refus de la patiente.

Quelque temps plus tard, la patiente décède à la suite d’un infarctus aigu du myocarde. L’autopsie confirme la cause du décès et met en évidence une occlusion à 95 % de l’artère interventriculaire antérieure.

L’expertise médicale a critiqué le fait que le médecin n’avait consigné ni ses conseils ni sa demande de consultation en cardiologie. Il n’avait pas non plus inscrit le refus de la patiente. L’instance a été réglée en faveur de la patiente, en partie parce que le médecin n’a pas pu prouver que cette dernière avait été informée des risques et qu’elle comprenait les conséquences possibles du refus de l’investigation.

Soins axés sur la personne

Favoriser des soins axés sur la personne signifie qu’il faut faire preuve de la plus grande ouverture possible lorsqu’une personne que l’on soigne conteste le plan de traitement qui lui est proposé.

Lorsqu’elle semble hésiter ou être sceptique à l’égard de vos conseils, cherchez à en connaître la raison – a-t-elle des préoccupations ou des craintes? Vous serez ainsi plus à même de déterminer si son refus est bien éclairé ou non, ce qui pourrait mener à une discussion plus franche sur les avantages probables et les risques du traitement proposé. Songez à compléter vos conseils avec du matériel éducatif multimodal adapté au niveau de littéracie en matière de santé de la personne soignée, idéalement dans la langue avec laquelle elle est le plus à l’aise. Le recours à des outils de prise de décision partagée peut servir à prodiguer des soins davantage axés sur la personne.

Ayez conscience que la culture de la personne soignée peut influer sur son interprétation des symptômes, ses stratégies d’adaptation et sa manière d’aborder les questions de santé, et donc son adhésion au traitement.

Suivi des soins

Chaque personne réagira différemment au plan de traitement qui lui est recommandé (p. ex. changements de style de vie, examens diagnostiques ou médicaments), et votre suivi est essentiel pour l’encourager à adhérer à son plan. Lors des rendez-vous de suivi, songez à revoir le plan de traitement de la personne qui vous consulte, ses objectifs, ses progrès, les résultats de ses examens et tout obstacle à l’adhésion qu’elle pourrait rencontrer. Si le plan prévoit l’abandon du tabac, par exemple, demandez-lui si elle a réussi à atteindre son objectif et si elle a besoin d’aide ou de ressources supplémentaires.

Se doter d’un système fiable de suivi des examens de laboratoire, des épreuves d’imagerie diagnostique et des consultations peut permettre de déterminer si une personne n’adhère pas à son traitement, ce qui vous donne alors la possibilité de communiquer avec elle et de réévaluer votre approche thérapeutique. Lisez l’article « Pour un suivi efficace en pratique clinique » pour en savoir plus sur les systèmes de suivi qui permettent de déterminer si l’une des personnes que vous soignez a subi ou non un examen que vous lui aviez recommandé.

Prescription de médicaments

La non-adhésion peut s’expliquer par le prix inabordable de certains médicaments prescrits. S’il s’agit d’une préoccupation pour une personne sous vos soins, envisagez de lui proposer des solutions de rechange moins coûteuses, mais tout aussi efficaces – notamment l’accès à des médicaments génériques plutôt que d’origine.

L’accès à la prescription électronique et les normes concernant son usage varient dans l’ensemble du pays. De façon générale, la transmission électronique des ordonnances à une pharmacie encourage les patient·es à adhérer à leur traitement; les patient·es doivent ainsi se procurer leurs médicaments toujours à la même pharmacie, ce qui peut accélérer le service et leur faire gagner du temps.

Suggestions de lecture


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