Le traitement des personnes qui présentent un déclin de la fonction cognitive (par exemple celles atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence) exige des médecins une bonne compréhension des besoins particuliers de cette clientèle en matière de soins. Ceci peut en effet réduire grandement le risque d’incidents liés à la sécurité des patients et de problèmes médico-légaux associés.
1. Prévoir les problèmes de communication
Il peut être difficile de dresser un portrait complet des besoins d’une personne lorsque ses capacités communicationnelles sont limitées. S’il y a lieu, vous pouvez obtenir de l’information auprès des membres de sa famille ou de ses proches aidants. Les personnes que vous soignez ou celles qui sont responsables de prendre les décisions en leur nom devraient être informées dès que possible de toute modification apportée au plan de soins. Pour leur part, les membres de la famille et les proches aidants n’ont pas le droit d’obtenir de renseignements sur les soins prodigués à une personne sans le consentement explicite de celle-ci, contrairement aux personnes responsables de prendre les décisions en son nom.
Lorsque vous devez communiquer avec vos patients ou les personnes responsables de prendre les décisions en leur nom, n’oubliez pas que certains éléments font souvent l’objet de malentendus, en particulier les directives préalables, les objectifs de soins et la signification précise du terme « soins palliatifs » et de la directive de « ne pas réanimer ».
2. Évaluer la capacité à consentir des patients
Une personne capable de comprendre la nature et les effets prévus d’un traitement médical et des solutions de rechange, et de saisir les conséquences d’un refus de traitement, est jugée apte à donner un consentement valide. Cependant, une personne qui est incapable de prendre des décisions au sujet de certaines questions peut tout de même être suffisamment apte pour donner un consentement valide à un traitement médical.
L’aptitude à consentir d’une personne peut être altérée par un déclin de la fonction cognitive. Dans un tel cas, il est important d’évaluer son aptitude à consentir sur une base régulière et de garder à l’esprit que des changements comportementaux sont plus susceptibles de se produire sur de courtes périodes. Par ailleurs, quelqu’un qui réagit émotivement à certaines décisions n’est pas nécessairement apte à consentir.
Même lorsqu’une personne ne semble pas en mesure de consentir ou de comprendre les renseignements nécessaires, il convient de ne pas supposer qu’elle est inapte à le faire sans l’avoir auparavant évaluée adéquatement.
Lorsque l’inaptitude à accorder un consentement valide est confirmée, la responsabilité des soins non urgents revient généralement à la personne responsable de prendre les décisions au nom de la patiente ou du patient; cette personne peut avoir été désignée dans une directive préalable ou un mandat émis par la patiente ou le patient.
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3. Garder en tête le risque élevé lié aux transferts
Les personnes qui présentent un déclin de la fonction cognitive sont souvent transférées en direction ou en provenance d’établissements de soins de courte ou de longue durée. Leurs besoins complexes, notamment leur dépendance envers leurs proches aidants et les membres de diverses professions de la santé pour la coordination des soins, peuvent augmenter le risque de préjudice au moment de leur transfert. Lorsque vous devez procéder à un transfert des soins, assurez-vous de transmettre tous les renseignements dont vous disposez au sujet des directives préalables, du plan de soins, de la personne responsable de prendre les décisions au nom de la patiente ou du patient et des traitements pharmacologiques en cours. Avant tout transfert, passez en revue l’ensemble des traitements pharmacologiques pour décider quels sont ceux qui doivent être poursuivis à long terme.
4. Tenir compte de l’âge
Dans la plupart des cas, les personnes qui présentent un déclin de la fonction cognitive sont âgées et se font traiter pour diverses affections chroniques. Le fait que ces personnes puissent prendre plusieurs médicaments de manière concomitante accroît le risque qu’on leur prescrive un médicament inapproprié ou contre-indiqué.
Il est donc prudent de s’assurer de bien comprendre les objectifs thérapeutiques. D’ailleurs, ceux-ci devraient être évalués sur une base régulière.
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5. Connaître les lignes directrices et les politiques
En tant que médecin, vous devez connaître les recommandations et les lignes directrices de pratique clinique sur le diagnostic et le traitement de la démence, comme celles publiées par la Société canadienne de gériatrie. Vous devez aussi savoir quelles sont les politiques en vigueur dans les hôpitaux et les centres d’hébergement et de soins de longue durée en ce qui concerne les niveaux de soins. Vous devriez également vérifier si l’état de santé de la personne compromet sa capacité à conduire et si vous êtes dans l’obligation d’effectuer un signalement. Le cas échéant, informez-la de votre obligation d’effectuer un signalement et de votre intention d’y donner suite. Consignez les évaluations, les discussions et les conseils prodigués dans le dossier médical.